menu Home search
La QuotidienneMusique

Theodora – MEGA BBL: Mitraillage de titres vers le succès

Lionel | 19 juin 2025

-On voit rarement des artistes qui explosent aussi puissamment, mais c’est le cas avec Theodora, et son album ‘’MEGA BBL’’ sorti le 29 mai.

-Sold-out à tous ses concerts, des morceaux qui dépassent les dizaines de millions de streams, et des featuring avec du gratin, et tout ça pour une artiste qui s’est plongée dans le monde de la musique en 2018, ça annonce déjà la couleur.
Double-défi pour cette dernière chronique de l’année puisque je suis très très peu familier avec le style de Theodora, qui est un mélange éclectique de bouyon, de shatta, de dancehall, de pop, de rap, et de pas mal d’autres influences plus subtiles. À ce moment-là, qui suis-je, en tant que bon Suisse nourri au punk-rock, pour avoir un avis dessus? Eh ben, plus que ce qu’on pense, puisque Theodora est née à Lucerne. Alors bon, elle va pas ajouter du yodel ou du cor des Alpes sur ses prods, mais au moins on a quand même quelque chose en commun. Et puis, faut être curieux quoi!

-Double-défi aussi à cause du nombre de titres présents sur cet album.

-‘’MEGA BBL’’ est un sacré package puisqu’il comporte 25 (25!) morceaux. Alors, j’ai pas non plus mis 6 jours à écouter l’album, puisque, dans cette montagne de titres, seulement 3 dépassent les 3 minutes, ce qui fait qu’on a un album qui ne dure ‘’que’’ une heure et des poussières. Alors, comment est-ce qu’on peut expliquer un aussi grand nombre de titres? Dans une ère où plus personne n’écoute d’album, pourquoi tout sortir en un bloc? Et surtout, en 25 titres, est-ce qu’on risque pas de se répéter?
Eh bah, oui, il y a des répétitions avec autant de titres. On vient d’écouter ‘’KONGOLESE SOUS BBL’’, et pour les oreilles peu attentives, il y a beaucoup de titres qui pourraient lui ressembler, comme ‘’FNG’’, ‘’MASSOKO NA MABELE’’, ‘’ZOU BISOU’’, ou ‘’MON BEBE’’. Cela dit, il y a quelques subtilités au niveau de l’instru qui donnent quand même une identité aux morceaux. Le seul piège avec des titres aussi courts, selon moi, c’est que ça ne leur permet pas d’avoir un énorme développement. Avec moins de 3 minutes pour exposer quelque chose, la structure des morceaux tourne souvent sur un minimum syndical de intro-couplet-refrain-couplet-refrain.

-Pourtant, Theodora a beaucoup de choses à dire.

-Theodora aborde de nombreux thèmes assez sérieux. Ça parle de santé mentale, de sexualité, de relations toxiques, ou encore d’identité féminine noire. Je me dis que 25 titres, ça permet de nuancer le propos tout en restant cash et de parler de ces sujets sans détours ni fioritures. Et surtout, on a un gros shift qui s’opère en milieu d’album. ‘’Entracte: Histoire d’amour, Commérages et Chardonnay’’ jour le rôle de pivot de l’album, et donne une toute nouvelle dynamique pop et intimiste à ‘’MEGA BBL’’ .
J’avais eu l’impression d’écouter une version plus electro et moderne de Paramore avec ‘’ILS ME RIENT TOUS AU NEZ’’, qui est tout aussi entraînant que les morceaux du début de l’album, mais entraînant différemment. Si la première moitié de l’album orbite vraiment autour d’instrus catchy et extraverties, la seconde moitié propose des titres avec un caractère plus doux, et ça donne un nouveau visage à l’album.
‘’BAD BOY LACKED’’, ‘’UN MEILLEUR NOUS’’, ou encore ‘’MON CASQUE’’ et ses influences hyperpop: Theodora jongle entre beaucoup de styles qui ont le vent en poupe ces temps-ci.

-Et ça suit derrière aux niveau des collabs.

-Juliette Armanet, Chilly Gonzales, Luidji, Bb trickz, ou même Jul (aka l’ovni) ont leur nom quelque part dans l’album, alors qu’il y a pas vraiment de dénominateur commun entre ces artistes – à part Theodora. C’est quand même un véritable tour de force de réussir à rassembler tous ces gros noms sur un premier album. On saura probablement jamais si ces feats sont venus naturellement et que les artistes ont simplement vu le talent montant de Theodora, ou au contraire si c’est un gros coup de promo à plusieurs millions d’euros. Mais en tout cas, ça donne une nouvelle couleur aux morceaux, et j’ai eu un coup de coeur pour ‘’LES OISEAUX RARES’’, le feat avec Juliette Armanet.
On a de la peine à croire que ce morceau est sur le même album que ‘’KONGOLESE SOUS BBL’’ tellement les deux titres sont éloignés musicalement, et pourtant, ça illustre les multiples influences de Theodora. En 25 titres, l’artiste a su nous faire un CV très complet de sa créativité et de sa volonté de ne pas se cantonner à un seul genre musical. À ce moment-là, on peut quand même se demander pourquoi tout balancer d’un coup et ne pas faire des albums plus creusés dans tel ou tel style, avec des morceaux moins nombreux mais plus longs. Comme on dit, il faut savoir économiser ses cartouches.
Je me suis demandé si Theodora nous avait fait un bail à la Pocket Gods. Pour le contexte, ce groupe anglais avait uploadé 1000 titres de 30 secondes chacun sur Spotify afin de protester contre la rémunération dérisoire des artistes. C’est le moment TED Talk/ coup de gueule, mais on est quand même dans un monde où le nombre de streams est bien plus important que le temps d’écoute. On peut se dire que Theodora maîtrise non seulement les codes de composition, mais aussi ceux du show-business. Pour moi, l’artiste refuse de s’imposer des limites dans sa musique, et s’ il faut se plier pour l’instant aux règles édictées par des clowns sans talent comme Daniel Ek, Theodora semble très bien partie pour bientôt imposer son style.

-Et petite mise en abîme, on s’écoute ‘’MON CASQUE’’, à bien sûr écouter sur une enceinte bluetooth.

Chronique : Lionel
Animation : Emma
Réalisation : Noé, Chloé
Première diffusion antenne : 16 juin 2025
Crédits photo vignette: Les Flammes
Crédits photo fond: Léa Esmaili
Publié le 19 juin 2025

Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast

Une publication de Lionel


Envie de soutenir un média gratuit,
indépendant et local ?

Rejoins Vostok+


Commentaires

Pas encore de commentaire pour cet article.

Commenter




play_arrow thumb_up thumb_down
hd