The Last Showgirl, le flou artistique
Cap sur Las Vegas, ses shows, ses paillettes, ses casinos, avec « The Last Showgirl » film de Gia Coppola, nièce de Sofia Coppola et petite-fille de Francis Ford Coppola, rien que ça. Alors la lignée Coppola a-t-elle de beaux jours devant elle ? Réponse tout de suite.
Mais d’abord petit point sur le pitch : c’est l’histoire de Shelley Gardner une danseuse de cabaret dans un show à Las Vegas. Sauf qu’après 30 années d’existence, le show en question va s’arrêter, la direction a décidé de moderniser le spectacle. On va remercier les danseuses, bonjour chez vous. Problème : Shelley a passé les 30 dernières années dans ce show qu’elle adore et elle a désormais 50 ans dans un milieu qui ne valorise que la jeunesse. Elle n’a pas d’épargne de retraite, pas de plan de carrière et pas d’idée d’une possible reconversion. Elle affronte en parallèle une relation conflictuelle avec sa fille qui lui reproche de l’avoir délaissée au profit de sa carrière.
Voilà pour le résumé. Pour ma part, je suis passée à côté de l’histoire pour une raison bien simple : les choix de mise en scène semblent avoir été fait après une soirée trop arrosée. J’avais mal au cœur et la tête qui tourne tellement ça tangue. C’est souvent filmé de trop prêt, avec un genre de caméra à l’épaule pour donner une immersion totale et au plus près des personnages mais avec une telle instabilité constante que j’en étais malade. C’est pas bon d’user d’un filon comme ça jusqu’à la moelle. Ça tressaute, ça tangue, ça zoom et ça dézoome.
Deuxième choix plus que discutable : c’est flou ! Je me suis dit : « ce sont mes lentilles ».. ah bien non, je ne porte pas de lentilles. Bon ça doit venir de mes lunettes. Bah non, je ne porte pas de lunettes. J’ai fini par nettoyer l’écran de mon ordinateur en désespoir de cause. Est-ce que c’est un message sur le film ? L’envers du décor de Las Vegas, loin des paillettes et des lumières, tout est flou et confus ? Le peu de netteté de l’image qu’il nous reste n’est pas cadré, mal éclairé avec des plans à contre-jour où on ne voit plus rien du tout. Je veux bien qu’on décide de prendre des partis pris forts en termes de choix artistiques mais le minimum c’est que la spectatrice que je suis puisse voir le film.
Mettons que vous ayez les lunettes propres et que vous ne soyez pas sujet.te au mal de mer : vous découvrirez un film qui n’a pas vraiment d’intrigue. C’est un film d’état d’âme qui étire le portrait de cette femme sur ce moment de son existence où tout s’ébranle. Avec une enfilade de scènes où on suit Shelley dans les rues de Las Vegas, à mi-chemin entre un clip de musique pop des années 2000 et une pub kitsch de parfum.
L’intérêt se voulait sans doute tenir dans les messages que le film veut nous partager. Mais tout en lieux communs : le milieu artistique est une peau de vache avec les femmes passées un certain âge. Oui, on le savait. Les Etats-Unis n’ont pas le système de retraite le plus abouti ni le plus social. Oui merci, on avait remarqué. Le rêve américain est bien souvent un écran de paillettes sans rien derrière. On s’en doutait. Que devenir à 50 ans quand on a passé sa carrière dans un métier qui glorifie la jeunesse ? On tourne des films qui racontent que faire quand on a passé 50 ans dans un milieu qui glorifie la jeunesse ! C’est si méta !
Le film se répond lui-même en confiant le rôle principal à Pamela Anderson, enfermée par son rôle dans « Alerte à Malibu » mais qui aujourd’hui, se construit une carrière où l’interprétation se veut prendre le pas sur le physique. Encore qu’à 57 ans, elle a conservé un corps qui n’est pas à la portée de la majorité des femmes.
Je reste circonspecte sur les éloges reçus par Pamela Anderson pour ce rôle : ce n’est pas un jeu qui m’a particulièrement impacté mais par contre, c’est assez fort de voir son personnage défendre avec courage et passion son métier, sa carrière et ses choix artistiques fussent-ils incompris. Et je trouve que cet angle-là aurait été plus intéressant à développer.
Point positif dans ce déluge, vous m’excuserez : la performance de Dave Bautista, ancien catcheur, rôle testostéroné dans les Gardiens de la Galaxie, qu’on retrouve dans un total contre-emploi étonnant.
Tu connais l’adage, ce qui se passe à Vegas, reste à Vegas. Et ça aurait peut-être été préférable pour ce film.
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Chronique : Sophie
Animation : Emma
Réalisation : Laure
Première diffusion antenne : 24 mars 2025
Crédit photo vignette : IMDb
Crédit photo fond : cult.news
Mise en ligne : Sophie
Publié le 2 avril 2025
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