Sleaford Mods sort son 11ème album sur fond de grillade

– Salut Zebra, le fougueux, Zebra le zinzin, Zebra la zirouette qui passe du coq au zèbre en 2 chroniques et 3 tours de piste, Zebra, dis-moi, le monde veut savoir : dans quel état es-tu en ce moment ?

Ah le monde, le monde, oui Lola, c’est surtout au monde qu’il faut demander dans quel état il est ! La Terre tourne toujours, mais le monde sait-il encore dans quel sens ? Ah, le monde n’a pas l’air de savoir où il va, Lola, il est perdu, et nous là-dedans, que faisons-nous ? Nous faisons des stories sur Instagram, nous nous exhibons, sans honte et sans retenue, comme Jason Williamson, le chanteur de Sleaford Mods. Dans le genre pitre, on n’a pas de plus beau spécimen, et pourtant je sais le faire, moi aussi, mais Jason est le Master Of The Nimp’, the King of Potnawak, et en plus il a un bon disque à vendre, alors en avant la chronique.

Sleaford Mods est un duo atypique. Un terme qu’on emploie à tort ou à travers, pour Julien Doré ou Stephen Eicher, mais là, s’il y a bien un groupe atypique dans le monde, c’est bien celui de ces deux gars de Nottingham. Une ville du nord de l’Angleterre connue pour le héros Robin des Bois qui berna autrefois son shérif, et ce n’est pas vraiment un hasard si on y retrouve aujourd’hui ces larrons en foire qui bravent allègrement l’industrie musicale depuis plus de 14 ans. Depuis leurs premiers albums autoproduits et leurs tournées en camionnette dans des rades à fléchettes jusqu’à leur intégration inattendue au music business, ils n’ont jamais changé de style : un chanteur maniéré se trémoussant autour de son pied de micro en scandant des grossièretés avec un fort accent de lad, accompagné par un grand fin timide qui balance des playbacks instrumentaux depuis un laptop posé sur des caisses de bières tout en en sifflant quelques-unes avec une main dans la poche. Et ça marche ! Pourquoi ? Parce qu’on n’a jamais vu 2 branleurs pareils prendre les charts d’assaut de manière aussi habile, sincère et désinvolte.

2021 est donc l’année du 11e album de Sleaford Mods. Intitulé « Spare Ribs » – des côtes levées de porc, pour nos auditeurs en manque de barbeuk – il est dans la lignée des 10 autres, si ce n’est un côté
– de porc

Ah toi aussi tu es en manque, ah les grillades party sauvages à la Perle du Lac, avec des chips Zweifel au paprika et du thé froid de la Migros…

– Arrête, c’est cruel ce que tu fais, et puis, on a dit : pas de placement de produits

Oui, mais quand-même, imagine-nous, le soir après le boulot, au bord de l’eau avec une petite sono qui jouerait l’album de Sleaford Mods, ce serait l’accompagnement parfait, car ces 2 gars savent parler à la partie prolo qui est en nous, ils ont l’attitude et le langage des bons vivants, un peu connards sans être méchants, juste ce qu’il faut de grossier, putain de virus bordel merde chier ta mère chez Alain Berset, voilà, c’est aussi un peu ça le son de nos soirées.

Pour finir cette chronique en véritable expertise, je dirais que cet album de Sleaford Mods a un côté
– de porc ?
Tu m’ôtes le gras de la bouche. Je dirais donc qu’il est croustillant sans être grillé. Il ressemble à ce que les Sleaford Mods ont toujours fait, ces chroniques sociales sans artifices ni effets, mais cette fois arrangées de façon un peu plus pop, comme Iggy, un de leurs plus fervents supporters. Il sonne brut, il sonne juste, les 2 chanteuses invitées s’intègrent parfaitement dans cet univers… atypique, je n’ai pas d’autre mot, mais on a toujours envie d’être leurs potes et d’écouter leurs histoires de lascars en pays covidé sur fond de drums et basses minimalistes parfumées à la bière chaude et à l’huile de frites. Et ça, même à la Perle du Lac, en ce moment, ça le ferait.

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Chronique : Zebra
Production : Clorinda
Réalisation : Alexandre
Crédit photo : DR
Date de diffusion : 8 février 2021
Mise en ligne : Valérie
Publié le 15 février 2021

Une publication de Zebra