menu Home search
CinemaÉcransLa Quotidienne

Septembre sans attendre : une séparation version méta

Johan | 11 décembre 2024

Septembre sans attendre est le nouveau film de Jonas Trueba. Ce réalisateur espagnol est principalement connu en France pour son long métrage Eva en Aout qui avait d’ailleurs la même actrice principale : Itsaso Arana (juste exceptionnelle). Son nouveau long métrage a un pitch assez simple : Ale (Alejandra) et Alex, deux artistes travaillant dans le cinéma, sont en couple depuis 15 ans. Ils doivent avoir une petite quarantaine ou un peu moins. Sans que l’on en connaisse véritablement les raisons, ils décident de rompre mais de rompre de manière joyeuse et partageuse, en l’occurrence ici en organisant une belle fête avec leurs amis.

Le film va donc suivre l’annonce de leur séparation et de leur célébration auprès de leur proche et de leur famille. Évidemment, la réalisation s’attache aux réactions de ceux-ci, souvent décontenancés par le fait que ce couple si solide, subitement se sépare, et qu’en plus ils fassent une fête à cette occasion. Leurs réactions diverses allant de l’incompréhension totale à l’enthousiasme évitent au film le risque de monotonie car cela alimente également la réflexion d’Ale et d’Alex sur leur choix.

Le réalisateur a rajouté un peu de meta dans tout ça. C’est à dire que la forme du film assez simple du début se complexifie progressivement. Les plans du film que tu regardes sont en même temps les plans du film qu’Alejandra (la femme du couple donc) est en train de monter pour le long métrage qu’elle prépare. Par conséquent, le réalisateur joue avec nous car en regardant le film, on ne sait plus si on regarde une vraie histoire filmée ou alors les rushs d’un film en train de se monter. D’autant plus qu’Alex son compagnon est également l’acteur principal des films d’Alejandra.

Cette forme n’alourdit pas le film car cela stimule notre imagination et comme les personnages sont vraiment excellemment incarnés par les différents acteurs, même dans cette structure multi dimensionnelle, on est pris par l’histoire de ce couple. Cela renforce même l’intérêt du film, car on est extrêmement attentif à chaque plan pour démêler l’intrigue. Il faut dire que le réalisateur a un cinéma un peu intellectualisant, le film est principalement construit sur des dialogues (un peu comme un Woody Allen) avec des mots d’esprit, des références éclairées – et pas pompeuses – à certains philosophes et réalisateurs. Clairement Javier Trueba aime le cinéma et l’histoire du cinéma. Cet amour se traduit par une inventivité ludique afin d’accrocher le spectateur sur un sujet – une séparation – vu et revu des milliers de fois. Et c’est réussi, c’est un plaisir que de se laisser entraîner dans les méandres de son film.
Les acteurs sont parfaits et la mise en scène nous emporte tout au long de cette histoire. Au final vrais personnages ou non, peu importe, on croit à cet amour, à ce lien entre les deux protagonistes et l’émotion est présente. Alors ce n’est clairement un drame fait pour t’arracher des pleurs toutes les 5 minutes mais on est pris, ému par leur situation. Il faut imaginer le film comme un morceau de bossa-nova; à la fois doux, ensoleillé mais également émouvant et mélancolique .

En cette période un peu terne, aux nouvelles pas toujours réjouissantes, c’est important de prendre sa dose de vitamine D, de savoir se jouer de ce long automne pluvieux. Septembre sans attendre, vous montrera que même une séparation peut être un bon moment et vous transportera dans le souvenir de l’été indien que vous n’avez pas connu cette année. Lumineux, intelligent et léger, c’est un vrai bon film et sans attendre fin décembre c’est déjà un très beau cadeau de Noël.

Chronique : Johan M.
Animation : Emma
Réalisation : Alexis / Marlon
Crédits photos : Sister distribution
Première diffusion antenne : 9 décembre 2024
Mise en ligne : Johan
Publié le 11 décembre 2024

Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast

Une publication de Johan


Envie de soutenir un média gratuit,
indépendant et local ?

Rejoins Vostok+


Commentaires

Pas encore de commentaire pour cet article.

Commenter




play_arrow thumb_up thumb_down
hd