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CinemaÉcransLa Quotidienne

Reine mère, des acteurs au top mais un film inabouti

Johan | 23 mars 2025

Une question me taraude aujourd’hui. J’étais en train d’écrire ma chronique et je me demandais si un film avec de bonnes intentions était toujours un bon film ? Si par nature ses good vibes nous faisaient passer un bon moment. Ou alors à partir de quel moment un film léger et chaleureux devient gentillet et ennuyeux. (Oui Parce que j’ai décidé de faire des rimes aujourd’hui).
Vous me direz pourquoi ce questionnement presque existentiel à ce moment de ma vie ou en tout cas à ce moment de ma semaine, alors que j’étais tranquillement en train de manger des Curly. Et bien c’est le film dont on va parler ce soir qui m’a amené à cette interrogation. Je t’explique et je présente le film en même temps (être un homme de challenge ça se vit au quotidien). Donc Reine mère est le nouveau film de Manele Labidi scénariste et réalisatrice franco-tunisienne. Vous aviez peut-être vu Un divan à Tunis, son précédent film ?
Le scénario de Reine Mère est relativement simple, c’est l’histoire d’une famille immigrée en France dans les années 1990. Un père solaire très travailleur Amor, une mère digne au fort caractère Amel et leurs deux filles. Ils vivent modestement du salaire du père dans un appartement proche de bonnes écoles ce qui ravit Amel. Tout va globalement bien mais … surviennent … deux problèmes … (eh oui gestion du suspens) . Ils apprennent d’une part qu’ils vont devoir quitter leur appartement, ce qui va poser problème à Amel. Et par ailleurs leur fille Mouna qui est en CM1 commence à avoir des hallucinations. Alors pas n’importe lesquels : elle a un ami imaginaire. Si je reprends un peu l’époque, on pourrait s’attendre à Philip des 2be3 ou Leonardo di Caprio… et bien pas du tout, à la surprise générale, le Grand gagnant de l’ami imaginaire est … Charles Martel.
En fait la petite Mouna pour la 1 ère fois de sa vie est renvoyée à sa condition de personne d’origine arabe. Et elle se pose des questions. Donc ce problème combiné à celui de l’appartement créent les deux arcs narratifs du film. Les questions d’intégration, d’identité y sont traitées mais jamais avec lourdeur. C’est le point fort du film. Un ton personnel empreint de légèreté, d’humour et de fantastique. Fantastique car Charles Martel est vraiment un des personnages principaux du film, on le voit avec sa belle couronne discuter / jouer avec Mouna. Mais ça passe bien, l’image presque sépia, aux couleurs chaudes, donne un côté presque irréel au film, et comme il y a beaucoup de tendresse – c’est important la tendresse- on rentre dans le film et on y croit. On y croit d’autant plus que les acteurs sont biens : Camelia Jordana ; Sofiane Zermani (alias Fianso pour les fans de rap français) et Damien Bonnard prennent du plaisir à jouer dans ce film, ça se voit. Et c’est d’ailleurs eux qui portent ce long métrage
Cependant, même si on rentre dans le film, on peut en ressortir aussi assez rapidement. Le scénario et les différentes scènes ne sont pas assez forts pour susciter un intérêt durable. C’est léger sur la forme et c’est très bien car ça vit, mais malheureusement c’est léger aussi sur le fond et c’est plus dommageable. Ce que j’entends pas là c’est que l’histoire n’est pas assez prenante et beaucoup de scènes semblent un peu fades comme si les scénaristes n’avaient pas été au bout de leurs intentions (un peu comme le PSG ces dernières années en Ligue des Champions) . Par conséquent les thèmes du film – pourtant intéressants à la base – sont survolés : la mère au gros caractère qui ne s’en laisse pas compter, la question de l’acceptation de soi ou encore le racisme. Et c’est là qu’on en revient à mon fameux questionnement sur les bonnes intentions d’un film.

Clairement ici on a une réalisatrice qui ne veut pas faire un film stéréotypé : 1ère bonne intention. Qui privilégie un angle original comique et fantastique pour traiter de sujets importants afin d’éviter le côté lourd et sentencieux : 2ème bonne intention. Et qui choisit la nuance et l’ouverture dans ses personnages : encore une bonne intention. Pourtant ça ne fonctionne pas vraiment… On a envie d’aimer ce film et ce film est aimable mais il est surtout un peu faiblard, ennuyeux, un peu superficiel en fait. Donc non les good vibes ne nous font pas forcément passer un bon moment par contre ils ne font pas passer un mauvais moment pour autant (cette phrase était clairement un challenge perso à prononcer) . Si jamais vous avez envie d’un film douillet, gentil, et que vous n’avez pas de chat à proximité – et on peut tous être dans ce mood un jour- Reine mère est là pour vous. Sinon il est peut-être plus censé de reprendre un ou 2 drinks, de danser comme des cons et de – comme dirait ce crasseux de Michel Houellebecq – rester vivant.

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Chronique : Johan
Animation : Emma
Réalisation : Theo
Credits photos : Kazak Productions – Frakas Productions – ARTE France Cinéma
Première diffusion antenne : 20 mars 2025
Publié le : 23 Mars 2025

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Une publication de Johan


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