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Lorsque l’hiver s’installe, comme ce week end, avec toute cette neige tombée du ciel comme une joyeuse animation venue enfouir la morosité d’un mois et demi de semi-confinement annoncé. Une période longue et éprouvante qu’il convient d’habiller musicalement, par besoin essentiel, et c’est là que Super DJ débarque avec son sac à vinyle pour te proposer le disque qu’il te faut.
 La nouveauté d’aujourd’hui vient d’Angleterre, pays maudit politiquement mais béni artistiquement. Voici donc Quakers, et leur album “The next wave”

Quakers est un trio de beatmakers. Entendez par là de producteurs de musiques hip hop : Fuzzface, alias Geoff Barrow, est l’un des membres créateurs de Portishead. C’est à la suite de sa rencontre avec Beth Gibbons en 1991 que le groupe fut créé. Déjà, ça en impose. Et puis il y a Supa K, alias Katalyst, moitié du duo Space Invadas. Pour les connaisseurs. Et le 3e larron est 7STU7. Trois gaillards calés en assemblages de samples et mixs conceptuels fourmillant d’idées lumineuses. Tels des Indiana Jones à la recherche des samples perdus, ils étonnent à chaque titre – et il y en a 33 – en passant de boucles rock psyché organiques à de l’électro dub minimale, puis de roulements rythmiques chevaleresques à un piano enfantin. Et tout ça sert de support musical à des invités venus de la scène hip hop indépendante anglo-américaine.

En 2012, le premier album de Quakers avait été très remarqué, encensé par la critique et les radios indé. 8 ans après, la recette est la même. L’album s’écoute comme une mixtape de luxe, avec ses invités bien choisis comme Jeru The Damaja, Guilty Simpson, Jonwayne, Phat Kat, Nolan The Ninja, oui, ce n’est pas Kendrick Lamar ou Drake, mais c’est tout aussi bien pour le flow organique et expérimental nécessaire aux beats du trio de Bristol, qui cherche à sortir le rap actuel de son confort habituel. Ici, pas de trap, pas d’autotune, pas de triolets de charley et de basse trop fortes. La batterie se devine souvent sans être en avant, les mélodies sont prenantes, on traverse des styles, des époques, des sons, avec une approche Old School modernisée dans la production. Et puis, en invitée de luxe rayonnante, il y a Sampa The Great, rappeuse anglaise – et seule invitée féminine – qui s’offre le point culminant de l’album, façon Lauryn Hill portée par le crew, sur le single évident “Approach With Caution” et son refrain addictif : « we don’t really care »

Avec « Quakers II : the next wave », le trio de producteurs anglais signe un des meilleurs albums rap de l’année 2020, accompagné d’une mixtape de Supa K appelée « Heavuy Tremors ». Ca nous fait donc 2 heures de hip hop du meilleur goût, qui nous rappelle ce qui se faisait de mieux dans les années 90, quand le rap osait tout tellement il avait tout à prouver et rien à perdre. Et alors que vient de disparaitre MF Doom, un de leur modèle et principale influence, décédé à l’âge de 49 ans, on sent qu’un nouvel élan, ou un nouveau souffle, devient nécessaire à un style qui n’a jamais été créé pour tourner en rond.

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Chronique : Zebra
Réalisation : Alexandre
Crédit photo : DR
Date de diffusion : 18 janvier 2021
Mise en ligne : Alexia
Publié le 21 janvier 2021 à 14h30

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