Niki de Saint Phalle face à ses démons
NIKI
—
Niki de Saint Phalle a choisi l’art comme exutoire. Elle s’est émancipée grâce à ses œuvres monumentales qui ont marqué l’histoire. On a par exemple tous déjà vu une de ses nanas, ces femmes acrobatiques, aux formes voluptueuses et aux milles couleurs. Le biopic NIKI raconte son histoire, l’histoire de Niki de saint phalle, une artiste et sculptrice tourmentée par ses démons.
Le film commence aux États-Unis, où elle a vécu une partie de son enfance dans des conditions privilégiées. Niki est issue de l’aristocratie, elle grandit donc dans une prison dorée qui l’étouffe. Déjà petite, Niki ne supporte pas les conventions, c’est une jeune fille turbulente qui n’a pas peur de défier l’autorité. A l’âge de 18 ans, elle tombe éperdument amoureuse du poète américain Harry Matthews, avec qui elle prend la fuite pour Paris, au grand désespoir de leurs parents.
Harry et Niki ne supportent plus le racisme ambiant qui règne à New-York. Ils en ont ras le bol de l’hypocrisie de la bourgeoisie. Les 2 jeunes artistes veulent être libres, libres de vivre comme ils le désirent. Ils souhaitent s’affranchir des normes imposées par leur famille et la société. A leur arrivée à Paris, le couple est heureux. Niki et Harry vivent leur idylle et ont 2 petits bouts de chou ensemble. Cependant, le rêve vire au cauchemar lorsque les traumatismes de Niki resurgissent. L’amnésie de la jeune femme disparaît pour laisser place à ses démons survoltés. Niki se métamorphose, elle pète les plombs, et tombe dans une sévère dépression nerveuse. Un jour son mari la surprend en train de cacher un truc sous le matelas, lorsqu’il le soulève pour voir ce que ça peut bien être, il découvre un véritable arsenal. Niki a accumulé une collection d’objets tranchants, il y a des ciseaux, des couteaux, des lames ou encore des scies. Harry prend alors la décision de l’emmener à l’hôpital psychiatrique pour faire soigner sa folie.
Niki en a parfaitement conscience que son comportement n’est pas normal. Elle sait qu’elle ne va pas bien, elle a d’ailleurs peur de ses pulsions meurtrières. C’est la raison pour laquelle elle accepte d’être interné en HP, ce qui va changer sa vie. Car c’est durant ce séjour à l’hôpital, que Niki de Saint Phalle devient une artiste. N’ayant pas les mots pour dire ce qu’elle voudrait, elle commence à s’exprimer par l’art. Elle a ce besoin vital de donner vie à ses traumatismes pour s’en libérer et les partager au monde entier. A sa sortie de l’hôpital, on découvre que Niki se libère à tous les niveaux. Elle se révolte publiquement face à toutes les normes.
Par exemple, le film nous raconte sa rencontre avec Jean Tinguely, qui devient rapidement son amant. Une relation passionnelle naît entre les 2 artistes, ce qui donnera d’ailleurs naissance à de somptueux chef-d’œuvres, dont le « Jardin des Tarots » en Toscane.
Nous pouvons voir comment Niki s’y prend pour créer ses sculptures ou ses peintures, et d’où elle tire son inspiration. Néanmoins, Céline Sallette n’a malheureusement pas pu montrer les vraies œuvres de Niki de Saint Phalle à l’écran. Elle a donc essayé de les faire vivre à travers des scènes très colorées. On retrouve beaucoup de couleurs dans les costumes, dans les décors, mais aussi dans les matériaux qu’utilise Niki pour confectionner ses créations. La musique est aussi très importante dans le film, la réalisatrice a collaboré avec le compositeur Para One pour la bande sonore. Il a su apporter des émotions fortes et rendre les scènes encore plus tragiques.
Cependant, ce qui fait la force du film, c’est Charlotte Le Bon, l’actrice qui incarne Niki de Saint Phalle. Premièrement, leur ressemblance physique est frappante. Deuxièmement, Charlotte Le Bon est formidable dans son rôle de femme hantée par la folie. C’est très dur d’incarner un personnage cinglé, mais elle y arrive à merveille. Grâce à ses mimiques et ses expressions faciales, l’actrice transmet des émotions poignantes. Il y a beaucoup de scènes dans lesquelles Niki conçoit ses œuvres, alors qu’elle semble possédée par un monstre. On la voit sculpter frénétiquement, décapiter des poupées, tirer sur des toiles avec un fusil et faire exploser les couleurs. Avec ses créations, l’artiste se défoule et extériorise ses souffrances les plus profondes. L’art devient son arme, mais Niki a une fleur au bout du fusil. Elle prend la boue pour en faire de l’or. C’est ainsi que Niki de Saint Phalle s’émancipe et trouve enfin la liberté dont elle a toujours rêvé.
—
Chronique : Orégane
Animation : Emma
Réalisation : Léo, Candice
Crédits photos : Wild Bunch
Première diffusion antenne : 8 octobre 2024
Mise en ligne : Orégane
Publié le 10 octobre 2024
Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast
Commentaires
Pas encore de commentaire pour cet article.