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La QuotidienneMusique

Monte Mai – Tropicalpino: Destination Alpes maritimes

Lionel | 31 mars 2025

-Sorti ce vendredi 21 mars, le 9 titres du trio suisso-caribéen débarque avec son nom en mot-valise. Chose rare, on a eu un texte de présentation bien fourni qui m’a quand même vachement aidé pour cette chronique, même si à certains moments on frisait la tête qui ne passe plus les portes, mais bon il faut savoir être fier-e de ce qu’on fait.
‘’Tropicalpino’’ mêle les sonorités de deux univers qui ne sont pas censés avoir grand chose en commun, un peu comme si Patrick Bruel se mettait au rap (oui, ça existe), à la différence que Monte Mai, c’est agréable à écouter.
Pourtant, lorsque j’ai commencé à bosser sur l’album, j’avais une petite appréhension. ‘’Phantasmagoric’’, le premier titre de l’album, malgré l’instru est catchy, me semblait un peu creux. J’avais l’impression que des harmonies empruntées aux Beatles se mélangeaient à une rythmique qui tendait vers le jazz moderne, et j’avais peur que tout l’album soit finalement un tribute à la bande-son d’Arte. Mais mes doutes ont tout de suite été dissipés quand les premières notes de ‘’Japanese Girl’’ ont retenti.
On entend bien l’indie-pop à la sauce 80’s, le titre est catchy, et la guitare simple et efficace guide le morceau tel un écho qui ne s’arrête jamais. ‘’Japanese Girl’’ donne le ton vis-à-vis de ce qui nous attend dans cet album. Des guitares aériennes, une basse bien solide sur les appuis, une batterie qui contrôle parfaitement les dynamiques, et des voix angéliques qui s’entremêlent. Globalement, l’album reste sur un style electro-pop et indie-pop. Je suis ressorti de mon écoute avec la sensation d’un produit bien construit et cohérent. Monte Mai ont réussi à orbiter autour de ces genres musicaux comme point d’ancrage, et ça fait que tous les morceaux ont la même racine sans pour autant se ressembler. En bref, avec ‘’Tropicalpino’’, on voyage beaucoup, mais on suit la même carte tout le long.

-Et un voyage, ça comporte plein d’étapes.

-Il y a un équilibre bien ficelé entre les morceaux, où chaque élément du groupe est mis en avant selon les besoins. Contemplative, joueuse, droite au but ou au contraire nonchalante, l’humeur de l’album change au gré de morceaux. La guitare drive certains morceaux tout en étant soutenue par des claviers et petites percussions, la basse prend son rôle de capitaine du groove dans ‘’Bizarre Mojo’’, la batterie oscille entre un poum-tchak régulier comme une locomotive et quelques petits solos discrets, et la voix nous plonge dans une ambiance mystique avec ‘’Se Un Guru’’.
J’ai été particulièrement conquis par les libertés que prennent Monte Mai dans cet album, des libertés qui sont parfaitement exploitées. Chaque morceau comporte toujours des éléments-surprises, que ce soit avec une composition pas toujours othodoxe, ou à travers l’ajout de petits sons qui habillent les titres. On arrive bien à ressentir le mariage entre les traditions musicales de la Méditerranée et la pulsation du kraut.

-Mais le plus important, c’est le groove, et peu importe où le morceau va, on y va en bougeant la tête.

-On sent que Monte Mai puisent certaines de leurs inspirations dans des groupes comme Lazy Eyes ou The Vines, et bien sûr, il y a un peu d’ADN des Beatles dans certaines parties. De manière générale, on retrouve une certaine virtuosité au service de la musique, ce qui fait qu’on a des morceaux catchy couplés à des sonorités plus atypiques. ‘’Space of a Breath’’ est un exemple parfait du style hybride de ‘’Tropicalpino’’. Le bpm et la rythmique donnent vraiment cette sensation de marcher d’un pas décidé, et derrière, on a un instrument, probablement d’extrême-Orient il me semble, mais je préfère pas trop m’avancer.

-Si seulement les morceaux de Monte Mai duraient plus longtemps…

-Si la plupart des titres de l’album font entre 3 et 4 minutes, Monte Mai ne s’encombrent pas de barrières temporelles: ‘’The Universe Can Dance’’ est une longue tirade de 7 minutes. Moi qui ai eu ma période prog-rock et prog-metal, cette durée c’est un peu la norme dans ce milieu. Et c’est vraiment cool, pour deux raisons. La première, c’est que le morceau a le temps de raconter une histoire. Il y a un début qui prend son temps, un milieu qui insiste et se développe, et une fin qui peine à nous dire au revoir. L’outro m’a d’ailleurs plongé dans un petit jardin, avec une tasse de café, en train de profiter des premiers rayons de soleil. La deuxième raison, c’est que dans une industrie de la musique où on cherche à tout prix l’efficacité des 10 secondes de stream, c’est chouette de voir des morceaux qui se donnent le temps d’avoir un développement riche et complexe.
Après, 6-7 minutes c’est bien, mais attention à ne pas traîner en longueur. Le dernier morceau de l’album, ‘’Plastic Rainbows’’, dure 13 minutes. Je m’attendais à un grand final, mais j’ai quand même été un peu déçu. C’est un morceau assez contemplatif, qui s’apparente à une jam. J’avoue que je pensais écouter un ‘’The Universe Can Dance’’ à la puissance 2, au final on était plus sur un morceau au développement très lent. ‘’Plastic Rainbows’’ reste un très bon morceau de conclusion d’album, mais ce côté ‘’moment bac à sable’’ ne lui donne pas forcément un côté indispensable à l’identité de l’album.

Au final, ‘’Plastic Rainbows’’ invite peut-être simplement à prendre son temps, à se laisser porter par une musique qui s’infiltre sous la peau. Je suis peut-être pas assez allé au bord de la Méditérranée pour totalement apprivoiser le morceau, et il y a moyen que je sois plus alpino que tropical – en même temps avec mon teint qui rendrait jalouse une blouse de médecin c’est plutôt évident.
Toujours est-il que ‘’Tropicalpino’’ est un voyage à prendre en douceur. Il suffit de grimper dedans et de laisser Monte Mai prendre le gouvernail. En tout cas, un très bon album pour suspendre le temps durant un café matinal.

-On va te laisser traînasser avec ton café, et ça tombe bien car on s’écoute ‘’Ciondolare’’.

Chronique : Lionel
Animation : Emma
Réalisation : Laure
Première diffusion antenne : 24 mars 2025
Crédits photos: Peter Hauser
Publié le 31 mars 2025

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Une publication de Lionel


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