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La QuotidienneMusique

Milla Pluton – Vilain Garçon: Explosions, vitesse et champis

Lionel | 31 octobre 2024

Milla Pluton, son truc, c’est la vitesse. On le ressent bien dans son dernier méfait ‘’Vilain Garçon’’, un 5 titres efficace et surprenant. 5 titres, mais des millions d’univers. Psychédélique, féérique, queer, pop, acoustique, électronique, beaucoup de mots me venaient à l’esprit pour définir la musique de Milla Pluton, jusqu’à ce que j’apprenne qu’il joue du pop-rock intergalactique. Même en sachant ça, c’est difficile de caser les morceaux de Milla dans une catégorie définie. C’est un flou qui fait du bien, parce qu’il laisse beaucoup de place à la créativité de l’artiste.

Un flou, ou plutôt une ambiguïté, qu’on retrouve dans la composition des morceaux et les paroles. Tout est question de mélange et de dosage. La manière dont c’est mixé, les effets sur la voix, ou bien simplement l’ambiance générale, ça donne cette sensation d’arriver dans un monde où des petites fées sont en train de gambader sur un arc-en-ciel en élevant des troupeaux de paillettes.
Mais les fées ont aussi un côté plus dark, et on remarque cette double-face musicale dans le refrain de ‘’Partir Partir’’. On aborde ici ce qui est pour moi le gros point fort de cet EP: les ambiances opposées. Les petits accords tout chous au clavier m’ont fait batifoler dans un pré en gloussant, mais les paroles crues et la guitare chaotique et dissonante m’ont rappelé que même si l’herbe est verte et que les arbres sont fleuris, tout va finir par pourrir ou cramer.

Tout cramer, c’est un thème qui revient régulièrement dans ‘’Vilain Garçon’’. Tout cramer, et les explosions. Je n’ai pas poussé mes recherches pour savoir si Milla Pluton avait une formation d’artificier, mais entre la nitroglycérine, les champignons nucléaires, et des boums par-ci par-là, on sent que Milla veut faire péter des trucs. Si on avait encore des doutes, le morceau ‘’Mega Boum’’ les dissipe tout de suite.

Il y a beaucoup de choses à faire partir en fumée. Parce que Milla Pluton, c’est pas seulement de l’instrumentale intergalactique, c’est aussi des paroles engagées – qui virent quelquefois au trip sous champis. Patriarcat, capitalisme, institutions, Milla emmène tout ça au Pluton d’exécution (pardon…).
On retrouve la notion d’opposition avec des paroles tantôt militantes, tantôt perchées, parfois sans transition, parfois en même temps. Couplé à la composition des morceaux, ça donne tout de suite un contraste qui soutient le discours, que ce soit pour faire passer un message, ou simplement pour secouer un peu les auditeurs et auditrices. J’ai en tête ‘J’irais bien m’enterrer très loin sous terre, devenir un géranium’, parce que qui n’a jamais rêvé de tout envoyer balader pour se réincarner en plante de la famille des géraniacées? Ma préférée reste ‘on se lève chaque jour comme un café froid’, qu’on peut entendre sur ‘’Téléphone’’, le premier morceau de l’EP.

Ce morceau ouvre bien les hostilités, c’est un peu un condensé de ce qu’on va retrouver dans la suite de l’album: Des revendications à travers les paroles, parfois un petit détour par des punchlines plus imagées, des instruments presque mignons mais qui virent au rêve psychédélique et qui peuvent parfois évoquer les vidéos de Cyriak – les vrais savent.

Et tous ces hauts et ces bas, ça finit avec la fête et les flirts dans ‘‘Cupidonx’’, en collab avec l’artiste brésilienne Marara Kelly. ‘’Cupidonx’’ retrouve une ambiance disco plus classique, moins extraterrestre que le reste de l’album – ce qui en fait paradoxalement le morceau outsider. Attention, je dis plus classique, mais on retrouve quand même le style de Milla Pluton, avec une voix qui exprime une certaine mélancolie. Concernant les paroles, elles mettent le doute: est-ce qu’il n’y aurait pas un brin d’ironie derrière? Bon, pour être transparent, je parle des paroles que j’ai pu comprendre, parce qu’il y a toute une partie en portugais chantée par Marara Kelly, que je n’ai évidemment pas pigée du tout puisque je parle uniquement le français et le valaisan. On sent bien la patte de Marara Kelly dans la composition, et couplée à la plume de Milla Pluton, on a un morceau entraînant, mais qui cache quelque chose sous ses airs trop joyeux.
En tout cas, ‘’Vilain Garçon’’ m’a fait bouger la tête sur chaque mesure, et j’ai vraiment été pris dans l’univers multifacettes de Milla Pluton. Foncez l’écouter parce que c’est un voyage spatial qui vaut bien plus que ce que la NASA nous fait miroiter.

Chronique : Lionel
Animation : Emma
Réalisation : Marlon, Christian
Première diffusion antenne : 28 octobre 2024
Crédit photo: Farah Mirzayeva
Publié le 31 octobre 2024

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Une publication de Lionel


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