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CinemaÉcransLa Quotidienne

Mickey 17 : comédie noire et science-fiction

Sophie | 13 mars 2025

Aujourd’hui, cap sur le nouveau film du célèbre réalisateur Bong Joon-ho, « Mickey 17 », dans vos salles à partir de mercredi.
J’étais toujours en train de transpirer et digérer les précédentes œuvres, j’ai nommé « The Host », « Snowpiercer », « Parasite » et j’ai encore les larmes qui montent aux yeux, rien que de penser à « Okja ». Voilà que le petit dernier est de sortie !
Pour moi son cinéma, c’est ce qu’il faut de folie et de fantaisie, jonglant entre science-fiction et réalisme, pour aborder des vraies questions sociales et sociétales. Et vous allez voir qu’on retrouve ici des thématiques déjà mises en avant dans sa filmographie.

Mais tout d’abord le pitch : Ruiné et sous la menace de créanciers, Mickey Barnes s’engage pour une mission spatiale, organisée par un richissime mais despotique couple, Kenneth et Ylfa Marshall, une mission destinée à coloniser une planète lointaine. Sans bien savoir où il met les pieds car il a signé pour un poste de cobaye. Il est affecté à toutes les tâches ingrates, expérimentales mais surtout très dangereuses voire mortelles. A chaque fois qu’il meurt, son corps est réimprimé et ses souvenirs téléchargés dans son nouveau cerveau. Il se tue à la tâche – littéralement comme il le mentionne lui-même – pour différentes missions : sortie hors du vaisseau spatial, expositions à des gaz toxiques ou radiations mortelles, tests de médicament, je vous passe les détails. Il est un « remplaçable » – la terminologie est délicate.
Après 4 années de voyage, le vaisseau arrive sur la planète gelée Niflheim où Mickey est envoyé en mission de reconnaissance. Tout se complique : laissé pour mort dans une crevasse, il réussit néanmoins à en sortir et à rejoindre la base. Patatras! Il découvre qu’il a déjà été réimprimé. Ils sont donc deux Mickey, 17 et 18. Sauf que selon les lois de la multiplication – et oui on a quand même une forme d’éthique dans ce gourbis – c’est interdit et les multiples doivent tous être mis à mort et leur mémoire détruite. Une vraie mort cette fois-ci.

Le film explore des thématiques assez proches de celles des autres œuvres du réalisateur. Dans « Snowpiercer », l’univers post-apocalyptique sordide et la lutte des classes entre les personnes précaires en fond de train et les classes supérieures à l’avant. Ici il y a les colons – sortez les guillemets XXL – « purs » prévus pour repeupler la nouvelle planète.
Comme dans « Parasite », on aborde des considérations relevant des inégalités économiques, de la situation des plus précaires notamment face à des choix qui n’en sont plus, condamnés à faire le pire dans l’espoir de survivre.
Dans « Okja », c’était l’élevage industriel et l’antispécisme et notre rapport au vivant comme étant autre chose qu’une ressource. Parce que oui figurez-vous que sur la planète Niflheim, il existe des êtres vivants ressemblant à des tardigrades géants doués de conscience et d’intelligence. Face à ses créatures autochtones, Nasha, la copine de Mickey, rappellera bien à propos que ce sont les humains les aliens et les « Rampeurs » – comme ils sont appelés – sont ici chez eux. Qu’importe ! Colonialisme, impérialisme et spécisme oblige, le power couple Marshall revendique l’humain comme seule bête de valeur dans l’univers et propriétaire partout où il le décidera. Le reste est vermine.

La thématique originale de ce film est l’enjeu autour de la possibilité de réimprimer un humain. Le transhumanisme comme nouvel outil d’exploitation des travailleur·euses pauvres – super. Ça invite à traiter Mickey comme un cobaye dénué de sentiments et de sensations. Alors que même s’il peut vivre éternellement, il a pourtant toujours peur de mourir et tente toujours d’éviter la souffrance. Et nous public, on souffre de le voir souffrir.
Et finalement est-on toujours le même si notre corps est le même et les souvenirs téléchargés ? Parce que chaque Mickey est un petit peu différent, exprimant diverses variations de sa personnalité.

Robert Pattinson, Mark Ruffalo, Toni Colette, y’a un beau casting en prime ! Y’a du beau monde mais pour une fois, je suis un peu moins convaincue par l’écriture des personnages. J’ai trouvé Robert Pattinson, qui joue le rôle de Mickey, insupportable, en victime geignarde. Et cette figure tellement éculée du naïf minable devenu héros. Je sais, c’est l’arc narratif traditionnel mais j’attendais d’un cinéaste de cette trempe de trouver les moyens de plus d’originalité. Son double, agressif et vindicatif, tranche tellement avec les autres versions de Mickey qu’il semble n’avoir été écrit que pour servir l’intrigue. Il m’aurait fallu plus de développement de ces traits-là dans les Mickey 1 à 16 pour y croire. Sans compter que ce n’est pas crédible pour moi d’avoir un homme inintéressant casé avec un personnage féminin hyper stylé.
Les méchants riches – le power couple – sont des personnages assez clichés. Et dieu sait si j’aime Mark Ruffalo et Toni Colette par ailleurs. Mais ces figures mégalo poussées à l’extrême, on les retrouve avec Tilda Swinton dans « Snowpiercer » et « Okja », mais on pense aussi à « Idiocracy » de Mike Judge ou encore à « Don’t Look Up » d’Adam McKay. Maintenant que ce genre de personnes existent bel et bien à la tête de nos Etats, ça me fait moins rire de les voir à l’écran. On voulait les ridiculiser, ça les a rendu acceptable en réalité.

Finalement, à vouloir traiter autant de thématiques différentes, la plupart sont tout juste effleurées ce qui est bien dommage tant elles sont absentes des écrans.
Ça reste un très bon film avec le cynisme, l’humour noir et la satire que l’on connait du réalisateur. Avec pour message que finalement, ce qu’on gagne en technologie, on le perd en humanité.


Chronique : Sophie
Animation : Emma
Réalisation : Marlon et Laure
Première diffusion antenne : 3 mars 2025
Crédit photo vignette : CGR Cinémas
Crédit photo fond : Allociné
Mise en ligne : Sophie
Publié le 13 mars 2025

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Une publication de Sophie


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