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Locarno, les pieds dans l’eau

Laura | 20 août 2019

Mercredi 7 août, le tapis rouge est déployé et la ville vêtue de sa traditionnelle tenue léopard – la 72e édition du Locarno Film Festival commence. Cette année et pour la deuxième fois de son histoire, c’est une femme qui prend la relève à la direction artistique. Lili Hinstin ouvre les dix jours de Festival en rendant hommage à Freddy Buache, disparu il y a à peine trois mois à l’âge de 94 ans. Le Vaudois, non seulement co-fondateur de la Cinémathèque suisse, avait également présidé le Festival entre 1967 et 1970.

C’est seulement le lendemain que je débarque à Locarno, programme en main. J’entame cette édition avec une double projection en plein air. Si l’on peut dire que la Piazza Grande frôle souvent le mainstream, le court-métrage « New Acid » de Basim Magdy en est un contre-exemple. L’artiste égyptien imagine une réalité futuriste où des animaux piégés dans un zoo interagissent par sms. Le second film est une production franco-belge, « La Fille au Bracelet », où Stéphane Demoustier relate l’histoire d’une jeune fille accusée de meurtre en explorant les problématiques autour du procès et du rôle la famille dans celui-ci. Cette œuvre marque les débuts de la jeune actrice Mélanie Guers, dont l’interprétation est à mes yeux le point fort du film. Parmi les projections sur l’emblématique écran géant, le très attendu dernier Tarantino attire les foules. Malgré les quelques gouttes de pluie, les 8’000 chaises pliables de la place affichent occupé, et les plus lents se voient obligés d’aller faire la queue au Fevi, où le film est également diffusé. Il faut admettre que le casting de Once Upon a Time… in Hollywood est incontestable ; et la folie sanglante tarantinesque au rendez-vous.

« Höhenfeuer » de Fredi M. Murer – © Locarno Festival

Mais, évidemment, il n’y a pas que la Piazza Grande à Locarno. Parmi la variété de catégories proposées, la section Histoire(s) du cinéma rend hommage à la carrière du géant suisse Fredi Murer. Je découvre pour la première fois Höhenfeuer (L’Âme-soeur), qui remportait le Léopard d’Or lors de la compétition internationale de 1985. Murer était là pour introduire le film dans un allemand ascendant suisse-allemand. Faute de traducteur, je m’abstiendrai de reporter ses paroles, en tous cas la salle a bien ri et malgré mon incompréhension je garde l’image d’une personnalité émue et émouvante. Je retiens aussi l’authenticité de son film, drame archaïque de l’inceste à la façon d’une comédie grecque, pertinent et touchant encore aujourd’hui.

Dans un autre registre, c’est parmi les 17 films en compétition internationale que je déniche mon coup de coeur. O Fim do Mundo de Basil Da Cunha, une coproduction de la RTS, a retenu toute mon attention mais visiblement pas celle du Jury, à en croire le Palmarès. Un film qui dépeint avec sensibilité et justesse les quartiers pauvres de Lisbonne à travers la vie de Kikas, un garçon tout juste sorti d’un centre de détention pour jeunes. Da Cunha choisit de tourner avec des habitants du quartier. « Il les magnifie dans leur humanité complexe, saisit leur beauté malgré les logiques perverses qui les animent. En captant leur regard, il leur donne une voix. » (Tizian Büchi sur le site du Festival).

« O Fim do Mundo » de Basil Da Cunha – © Locarno Festival

Voilà, l’expérience locarnesque c’est tout ça, et plus encore. Les quelques films cités dans cet article ne sont qu’un échantillon d’une vaste palette qui inclut des perles rares comme des perles… moins rares. C’est d’ailleurs le défi du festivalier moyen de créer son propre programme parmi les 9 salles, 12 sections et 250 projections et faire en sorte que « ça se goupille », pour citer mon collègue Charly. Locarno c’est aussi parfois – et ce n’est pas le cas de tous les festivals – l’occasion de rencontrer des personnalités du milieu autour d’un verre ou d’une barquette de frites. Finalement, pour se rafraîchir entre deux projections, c’est la possibilité de plonger dans l’eau limpide de la Valle Maggia. À l’année prochaine ?


Mise en ligne : CM
Rédaction : Laura
Crédit photo de Une : tournage de « Once Upon a Time… in Hollywood » par Quentin Tarantino ©Locarno Film Festival
Crédit photo de fond d’article : « O Fim do Mundo » production suisse de Basil Da Cunha ©Locarno Film Festival

Une publication de Laura


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