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L’homme-vertige : itinéraire d’une ville et ses corps

Johan | 1 mars 2025

En direct du festival Black Movie, notre animateur Johan rencontre Malaury Eloi Paisley, la réalisatrice du film documentaire « L’homme-vertige » sorti en 2024.
Malaury nous évoque brièvement son histoire, un parcours marqué par l’exil et le vertige du retour. En 2016, après des années d’absence, elle rentre en Guadeloupe. Ce retour s’inscrit dans une trajectoire mouvementée : un voyage en Asie du Sud, un accident violent et un diagnostic brutal à l’hôpital, révélant une maladie liée à la contamination des terres. Alors qu’elle se reconstruit, elle découvre l’appel à candidature des ateliers Varan Caraïbe en Guadeloupe. Sur un coup de tête, elle rentre chez elle, intègre la formation et s’initie à l’écriture et à la réalisation de documentaires. De cette expérience naît « Chanzy Blues », son premier court métrage.
Puis vient « L’homme-vertige ». Mais comment ce film a-t-il pris forme? Malaury le dit : elle a rencontré ses protagonistes depuis son propre gouffre. Ce film n’est pas né d’une errance dans les rues à la recherche d’un sujet, mais de rencontres qui se sont imposées sur son chemin. Ce qui l’a fait naître, c’est une envie réciproque, un désir partagé entre elle et ses protagonistes.
Pour Malaury, leur existence est politique : à travers eux, c’est la Guadeloupe et son contexte qui se racontent. « L’homme-vertige » est un film qui se construit dans l’échange, dans le partage. Il illumine Pointe-à-Pitre, mais pas seulement. Il en fait une allégorie : « un état de la Guadeloupe, un labyrinthe, un dédale dont on n’arrive pas à sortir. »
Avec ce film, Malaury fait résonner en nous des questions profondes sur ces territoires marqués par l’histoire coloniale. « Que raconte cette lente décomposition, ces corps à l’image de cette ville? Que disent aujourd’hui les villes coloniales? Comment appartenir à une île qui ne nous appartient pas? Comment raconter cette histoire sans la répéter? Comment parler de l’esclavage sans parler de l’esclavage? »
Son œuvre explore ce qui persiste, ce qui habite les corps et les lieux, ce qui façonne l’imaginaire. Pour elle, chaque détail, chaque individu est un garant de l’histoire. Les habitants de Pointe-à-Pitre ne sont pas de simples silhouettes dans la ville, mais des « corps monuments », porteurs d’une mémoire vivante.
« L’homme-vertige », ce n’est pas seulement un titre-poème. C’est une manière d’être au monde, une posture : celle de ces hommes et femmes qui ne sont ni errants ni invisibles, mais observateurs, voyants, témoins d’une oppression qui s’écrit encore. Les images, les lieux, les visages du film sont le fruit de rencontres, d’un dialogue entre Malaury et ses protagonistes, piliers de cette Guadeloupe qui s’exprime à travers eux.

Invitée : Malaury Eloi Paisley
Animation : Johan
Réalisation : Candice et Noé
Coordination technique : Alexis
Post-production : Candice
Production : Ségolène
Coordination générale : Fanny
Chargé·es de com : Anna et William
Première diffusion antenne : 21 janvier 2025
Rédaction et mise en ligne : Camille et Valérie
Crédit photo vignette : Athénaïse – Sophie Salbot
Crédit photo fond : Valérie Chérix
Publié le 1er mars 2025

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Une publication de Johan


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