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CinemaÉcransLa Quotidienne

Les immortels, un documentaire imparfait mais nécessaire

Johan | 18 mai 2025

Alors excuse-moi mais je vais doucher directement tes espérances, le plaisir coupable que tu imaginais déjà … non les immortels ce n’est pas un nouveau film de super héros avec de jolis capes colorées, pas de combos déguisements popcorn à l’avant-première pour toi cette fois ci… désolé. On parle d’un ici documentaire mais je te rassure, tu verras, ce sont pour le coup de vrais héros héroïnes des temps modernes. Mais sans collants en lycra je te l’accorde.

Déjà les immortels ce n’est pas une fiction, c’est un documentaire réalisé par la suisse Maja Tschumi, que tu connais peut être pour son précédent et premier film documentaire Rotzloch sorti en 2022. Dans son nouveau film, elle continue son travail d’exploration des marges, ici de jeunes révolutionnaires irakiens ayant participé à la révolution d’Octobre en 2019 en Irak.

Petit flashback histoire : Irak : invasion des US en 2003, retrait des troupes américaines en 2011, instabilité politique et guerre ensuite contre Daech jusqu’en 2018 . En 2019 les jeunes vont dans la rue pour dénoncer et faire tomber un pouvoir défaillant depuis 2003, demander plus de libertés et moins d’injustice. Quelques victoires : le retrait du 1er ministre notamment mais au final cette révolte se solde par plus de 700 morts et 30 000 blessés. Le documentaire suit ainsi quelques années plus tard deux protagonistes de cette révolution d’Octobre , Khalili un photographe qui a documenté les manifestations et les sit-in ; et Milo une jeune féministe en rupture avec sa famille.
Il est toujours difficile de critiquer un film ou un documentaire avec des intentions aussi louables : montrer des jeunes épris de libertés , ayant risqué ou risquant encore leur vie dans des pays ou les droits humains ne sont clairement pas la priorité nationale ; mais bon il faut bien un connard pour s’y coller de temps en temps alors lets go.

En synthèse et après j’approfondirais un peu plus mon propos : le sujet sur le papier est top donc mais malheureusement le rendu n’est pas à la hauteur de ces espérances. Pour plusieurs raisons : d’une part la construction des « Immortels » est un poil superficiel. La réalisatrice voudrait parler de la jeunesse irakienne alternative, mais on ne voit que deux personnages à l’écran (voire 3 allez) … on sent que le film voudrait louer cette révolte d’octobre ou le besoin de liberté était si fort , mais au final, le film s’y attarde relativement peu et se concentre uniquement sur les destinées personnelles de Khalili et Milo.

En fait « Les immortels » s’articule autour de deux questions : pour Khalili : va t’il guérir psychologiquement de ce trauma vécu et pour Milo, va t’elle réussir à s’échapper des griffes de sa famille … On va donc suivre ces deux arcs narratifs à travers la parole des protagonistes via des images d’archive (les vidéos prises par Khalili) , mais aussi par des reconstitutions de scène pour des raisons de sécurité principalement mais aussi de timing de réalisation. Or comme le film est très intimiste, perso ce procédé m’a un peu gêné : tu te demandes toujours un peu dans le film : ça c’est reconstitué ou pas? Par ailleurs, j’avoue avoir été parfois un peu perdu dans le film faute de repères historiques ou chronologiques claires du coup j’utilisais la technique old school du je me repère grâce aux coupes de cheveux 😉 Plus sérieusement le film a de mon point de vue de gros défauts dans le sens où il n’a pas la puissance et l’émotion qu’il aurait dû avoir au regard de son sujet, et c’est probablement lié au fait que la destinée collective de ces dissidents n’est finalement qu’effleurée.

Toutefois, toutefois, le film possède quand même des qualités : déjà il a le mérite d’exister et de mettre en avant des jeunes héros qui se battent pour leur liberté et leur vie, ce qui est juste impressionnant. Perso mon combat en ce moment c’est de manger deux fruits et légumes par jour sans compter les fraise tagada donc on est clairement à un autre niveau-là. Le film met également à l’honneur un pays et une ville – Bagdad – que l’on connait finalement peu (mis à part pour son café – ref rubrique cinéma oblige – ok je sors). Les images de la révolte prises par Khalili dont se nourrit le film sont puissantes et évocatrices. Via l’histoire de Milo, on ressent également très bien les conséquences terribles du patriarcat (c’est à dire ultraviolent et assassin dans le cas présent ), ainsi que la puissance de la contrainte du clan sur la vie des jeunes adultes.

Ainsi même si le film a des défauts , il a le grand mérite de nous faire ressentir ces élans de vie et de liberté , ces passerelles entre nos mondes . Finalement à l’instar des divinités romaines immortelles , ce documentaire reste imparfait mais… nécessaire.


Chronique : Johan
Animatrice : Emma
Réalisateurs : Alexis et Calixte
Communication : Anna
Crédits photos : Silvio Gerber & Mohammed Al Khalili
Date de première diffusion : 15.05.2025

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