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BDCultureLa Quotidienne

L’absurde à outrance des praticiens de l’infernal

Pacome | 4 avril 2022

« Perprétrations punitives et dépressions basaltiques – Les praticiens de l’infernal 3 » de Pierre La Police, éditions Cornélius, 184 pages couleurs, 15 x 21 cm.
Pacôme nous embarque pour une plongée profonde en plein absurde. Le non-sense et le 8e degré règnent en maîtres absolus sur la BD qu’il nous présente, Perprétrations punitives et dépressions basaltiques. C’est le 3e volume d’une série intitulée Les praticiens de l’infernal, signée Pierre La Police et parue aux éditions Cornélius.
Il y a déjà quelques années, Pierre La Police frappait fort avec les deux premiers tomes extravagants et drolatiques des Praticiens de l’infernal. Et ce printemps, badaboum, il nous apporte un troisième volet des aventures déjantées de ses héros improbables et attachants.
Chez Pierre La Police, on ne fait pas dans le détail : la forme, le fond, on chamboule tout. Son travail est d’une grande originalité, aussi bien pour l’aspect visuel que pour le contenu narratif.
Graphiquement, la recette est simple. On a sous les yeux des pages de petit format, 12 cm par 18 ; c’est à peu près l’équivalent d’une grande carte postale, ou plutôt d’une tablette informatique. Chaque page présente un dessin et une légende au bas de celui-ci. Donc : finie, la disposition des cases dans la page – terminés, les petits cadres indiquant « Ailleurs, pendant ce temps-là… » – et bye bye les phylactères. Même les conventions graphiques propres à la BD ont disparu. Les onomatopées, les petites étoiles tournant autour de la tête, les traits qui indiquent le mouvement … tout ça a passé à la trappe – à de rares exceptions près. Il reste donc juste un dessin légendé sur chaque page, avec le côté rétro des livres d’images des années cinquante-soixante, avec de grandes vignettes façon images d’Epinal. Des vieilles bandes dessinées, Mickey et Petzi par exemple, fonctionnaient aussi avec un schéma de ce type … elles avaient par contre plusieurs cases disposées sur des planches plus grandes.
Cet aspect rétro est tout à fait sensible chez Pierre la Police, c’est un des ingrédients de base de son style. Il aime flirter un peu avec le ringard …
Les dessins en eux-mêmes sont en général assez simples, rétro aussi, style ligne claire, avec côté un peu naïf et des couleurs franches et superbes, en à-plat, sans nuances.
Les Praticiens de l’infernal, ce sont trois compères. D’abord, deux frères jumeaux, Chris et Félicien Thémistècle – un truc chiant à prononcer quand on passe à la radio – je remercie La Police … Les jumeaux Thémistècle sont des mutants d’apparence plus qu’anodine, ils ont même l’air un peu crétin avec leurs têtes de goîtreux. Mais quand il le faut, ils manifestent d’étranges pouvoirs bien pratiques pour se tirer d’un mauvais pas. Ils ont un pote, Fongor, avec une tête pleine de taches noires à la façon d’un malade post-guerre atomique. Avec lui, ils forment une brigade d’experts du paranormal.
Dans le premier volume, ils sauvaient le monde d’une invasion de mollusques antédiluviens, ramenés de la préhistoire dans le présent par des scaphandriers nains.
Dans le 2e tome, ils affrontaient les Frères Eléphant, moitié humains et moitiés pachydermes, qui avaient mis au point un raisin capable de décapiter ceux qui le mangeaient.
Et dans ce nouvel album, et bien, ils font face à une vague de tremblements de terre qui ravage la planète et, par exemple, fait disparaître sous terre un festival consacré aux fromages. En plus, Félicien Thémistècle, handicapé par un sifflement dans le nez, doit porter un appareil respiratoire encombrant, relié à son pif, et qu’il transporte comme un déambulateur. Ça l’aide pas, et ça nuit un peu à son look …. Malgré ça, l’enquête de nos trois héros avance, à travers un pastiche de clichés issus de la pop culture, une bonne dose d’absurde, et une autre de poésie un peu perchée. Des aventures improbables et un humour décalé, avec au commande un auteur qui ne craint pas d’aller au bout de son délire.
L’histoire progresse de coq-à-l’âne en petites digressions, de retournements absurdes en coups de théâtre bidons ou rebondissements épiques. Au final, les praticiens de l’infernal démasquent les coupables des attaques telluriques. Ils affrontent leur cheffe, l’affreuse madame Ganglioni dans un combat aussi absurde que le reste. Fongor se fait coincer dans des sables mouvants et simule l’indifférence en consultant un catalogue de tables basses – allez savoir pourquoi. N’empêche que ça marche ! Pendant ce temps, les deux jumeaux mettent une rouste à Ganglioni et le camp du bien finit par gagner. Ouf !
On laisse nos héros prêts à nous embarquer une nouvelle fois dans un maelstrom de couleurs, de formes, de contresens et de sévères absurdités. Longue vie aux Praticiens de l’infernal, et, pour une fois, disons-le : La Police c’est drôle, La Police c’est beau, et c’est poétique.
VIVE LA POLICE !!!

Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast

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