Haunted Hotel fait rimer macabre et feel good
Ah, octobre… Les feuilles tombent, ça sent le pumpkin spice latte et les plateformes de streaming nous bombardent de films d’horreur, qu’on regarde bien au chaud sous un plaid écossais.
Sauf que moi, je déteste les films qui font peur. J’ai vu L’Exorciste quand j’avais 12 ans et la petite fille possédée est apparue dans tous les coins de ma chambre pendant 6 mois. Depuis, je refuse tout ce qui fait peur.
Mais c’est bientôt Halloween, alors j’ai voulu faire un effort. Je me suis dit: Haunted Hotel, c’est une série d’animation, donc des dessins. Ok, je suis une trouillarde, mais ça, je peux gérer…
L’histoire se déroule dans l’hôtel Undervale, un lieu un peu spécial puisque quand on y meurt, on y reste coincé comme fantôme… du moins tant qu’on a encore des affaire à régler. C’est dans ce décor qu’évolue Catherine Freeling, une mère de famille célibataire qui essaye de remettre à flot cet hôtel dont elle vient d’hériter et dans lequel elle vit désormais avec ses enfants:
Ben, grand ado un peu paumé qui tente à tout prix de se faire des potes et qui, évidemment, tombe amoureux d’une revenante.
Et Esther, une enfant fascinée par la magie noire, brillante, sarcastique, avec un côté à la fois démoniaque et attachant.
Et puis il y a leur oncle, Nathan. Ancien propriétaire de l’hôtel, il est mort, mais continue à hanter les lieux et à s’impliquer activement dans la gestion de l’établissement. Toujours surexcité, il est étonnamment joyeux pour quelqu’un qui a passé l’arme à gauche.
Et il fallait encore bien à la petite famille un compagnon décalé: Abaddon, un démon piégé dans un corps d’enfant du 18ème siècle. Extrêmement cynique, toutes ses répliques sont absurde ou cruelle. C’est lui qui donne à la série son vrai mordant. Il est sans conteste le personnage le plus réussi et montre une vraie évolution au fil des épisodes.
Toute une panoplie d’individus loufoques gravitent autour de la famille Freeling: une hippie tueuse, un assassin d’adolescents, un monstre tentaculaire prénommé Jessica… Même l’hôtel s’avère être une sorte de personnage à part entière, avec des émotions et des pouvoirs. Et c’est ça qui est sympa dans Haunted Hotel: on ne chasse pas les fantômes, on collabore avec eux. Est-ce qu’on y verrait pas un petit message sur comment gérer sa vie finalement?
Chaque épisode propose une nouvelle aventure avec ses propres personnages, tout en faisant avancer la trame autour de la famille. On peut donc la suivre d’une traite ou picorer un épisode sans se perdre.
L’esprit du show doit beaucoup à son créateur, Matt Roller. Son nom ne vous dit peut-être rien, mais vous avez certainement déjà ri à sa plume. Il n’est autre que le créateur de Community et un ancien auteur de Rick & Morty – vous savez, cette série d’animation où un grand-père alcoolique emmène son petit-fils faire des crises existentielles dans l’espace. Le sarcasme et les dialogues qui claquent, ça le connait.
On retrouve ce mélange d’humour, de surnaturel et de réflexion douce-amère sur la famille et la mort. C’est un Rick & Morty sous antidépresseurs, en quelque sorte.
Et au-delà des blagues, la série s’attaque à des thèmes de fond: l’abandon, le suicide, la sexualité ou encore l’estime de soi. C’est peut-être ça la plus belle réussite de Haunted Hotel: parler de la mort et de nos blessures tout en restant feel good.
Nous voilà dans un univers joyeusement morbide! Avec des couleurs vives et un style très cartoonesque. Chaque décor est truffé de petits détails en arrière-plan, comme les dessins des enfants sur le frigo qui les représentent entourés de monstres. On a droit à plein de scènes classiques de films d’horreur avec du sang qui gicle, des tueurs à la machette et des bouts de cervelles apparents.
C’est bourré de clins d’œil à d’autres œuvres et on s’en régale. Comme quand Ben écrit dans un journal qui lui répond – petite allusion à Harry Potter et à son célèbre carnet de La Chambre des secrets. Ou quand Esther tourne la tête à 360° lorsqu’elle est possédée par un démon – référence à la scène culte de L’Exorciste. J’ai failli arrêter à ce moment-là, mais j’ai tenu pour vous…
Mon petit bémol? le show flirte parfois un peu trop avec le ton d’un dessin animé pour enfant. C’est quand même classifié à 16 ans sur Netflix donc il faut y aller là !
Ça reste encore relativement sage en comparaison avec d’autres shows du style, comme BoJack Horseman. J’aurais souhaité encore plus d’humour noir — celui qu’apporte justement Abaddon.
N’empêche qu’on se sent bien dans cet univers: c’est drôle, réconfortant et un peu mélancolique. Et puis il y a ce fil rouge: de quoi est mort l’oncle Nathan? Est-ce qu’il quittera l’hôtel un jour? La série sème juste ce qu’il faut de mystère en trame de fond pour qu’on ait envie de rester, sans que ce soit addictif.
Haunted Hotel, c’est la série parfaite d’octobre pour les personnes au cœur fragile. Un bonbon d’Halloween non acidulé, garanti sans cauchemar.
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Chronique : Judith
Animation : Lionel
Réalisation : Noé
Crédit photos : © Netflix
Première diffusion antenne : 07 octobre 2025
Publié le 10 octobre 2025
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