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«Notre réelle volonté, c’était d’ouvrir un corridor humanitaire»

Emma | 27 octobre 2025

Le 2 octobre, la Global Sumud Flotilla, composée de 44 navires et de 500 participants venus d’une quarantaine de pays, a été interceptée par les forces navales israéliennes alors qu’elle se dirigeait vers Gaza. Les bateaux transportaient nourriture, lait infantile, filtres à eau et médicaments. Parmi les passagers figuraient 19 ressortissants suisses, dont le Genevois Clément Froidevaux, détenus entre trois et six jours avant d’être rapatriés.

«Notre réelle volonté, c’était d’ouvrir un corridor humanitaire» explique Samuel Crettenand, l’un des coordinateur international de la flottille. Lancée en un temps record, la flottille avait pour objectif de briser le blocus imposé à Gaza et de mobiliser l’attention internationale sur la situation humanitaire. «On avait une quantité limitée de vivres, mais l’objectif était d’ouvrir un corridor humanitaire, pas seulement d’apporter des denrées», explique Samuel. Les navires suisses transportaient surtout du lait infantile, vital pour les nourrissons dont les mères souffrent de malnutrition. Pour Clément, cette traversée était avant tout un acte d’engagement citoyen: «J’avais prévu de faire de la montagne. Puis j’ai rencontré une amie qui participait à la flottille. Face à l’impuissance générale, je me suis dit que c’était ma manière d’agir.» La mission, partie de Barcelone, se voulait autant symbolique que politique, un appel à observer et dénoncer la situation à Gaza. «Si on ne regarde pas, on enterre les gens une deuxième fois», résume Samuel.

Des conditions de détention dénoncées

Quelques jours après le départ, la flottille a été encerclée en Méditerranée. «On s’est retrouvés avec des armes pointées sur nous. Ils nous ont forcés à descendre dans la cale», raconte Samuel, qualifiant l’action de «crime de piraterie». Les participants ont été transférés dans plusieurs centres de détention: «Pas de douche, une toilette pour dix, des coups, des insultes, des réveils toutes les demi-heures», témoigne Samuel, qui entame une grève de la faim dès le premier jour. Clément dénonce également, selon lui, le manque de réactivité du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), estimant que la Suisse a privilégié la prudence politique à la défense de ses ressortissants. Malgré la tension, un esprit de solidarité s’est installé entre détenus. «C’était peut-être la première fois qu’on chantait pour la Palestine dans une prison israélienne», raconte Samuel.

L’engagement continue

Rapatriés quelques jours plus tard, Clément et Samuel peinent à reprendre le cours de leur vie. «Ça prend du temps pour atterrir», confie Clément, qui rejoint rapidement une manifestation à Berne: «Je ne suis pas un grand militant, mais ce que j’ai vu m’a réveillé. Ce dégoût ne partira pas comme ça.» Samuel poursuit son action au sein du mouvement Global Sumud, préparant déjà de nouvelles initiatives. «Notre objectif, c’est de lutter contre le fascisme, le racisme et l’intolérance. Si on ne s’en occupe pas, tôt ou tard, ça nous rattrape.» S’il reconnaît que la mission n’a pas atteint son but logistique, la flottille a permis de mobiliser des participants du monde entier et de sensibiliser le public à la situation humanitaire à Gaza. «Cette expérience montre que même de petits gestes peuvent avoir un impact», note Clément. Elle rappelle que la solidarité internationale commence par la volonté d’agir et de témoigner.


Invité·es : Samuel Crettenand, Clément Froidevaux
Animatrice : Lola Gregori
Journaliste : Emma Thibert
Réalisateur: Léonard Blanc
Rédaction et mise en ligne : Cynthia / Emma
Crédit photo : Global Sumud Flotilla

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