Franz Ferdinand se fait peur
Si comme moi Franz Ferdinand ça vous évoque juste le mec de la Première Guerre mondiale ou des covers approximatifs joués par des groupes de collégiens, pas de panique, j’ai préparé mon petit aide-mémoire Wikipédia. Tout le monde connaît leur fameux morceau ‘’Take Me Out’’ (que j’ai toujours appelé ‘’Take Me Home’’ pour une raison obscure, paie ton professionnalisme), mais ils ont aussi fait d’autres trucs.
‘’The Human Fear’’, 7ème album studio de la formation, aborde le thème de la peur et du petit shot d’adrénaline qu’elle nous procure. C’est pour ça qu’on retrouve des morceaux qui parlent de chats, de docteur, d’oiseaux, ou de Cyril Hanouna – bon, je suis pas complètement sûr pour le dernier.
La peur, ça donne un album catchy.
Franz Ferdinand font du Franz Ferdinand, la recette ne change pas. Une batterie qui tient son rôle de métronome, la basse et les guitares qui portent l’harmonie, quelques sons électroniques, et la voix qui guide le tout: Alex Kapranos tient bien son rôle d’identité du groupe. Il attaque les morceaux avec un timbre profond pour ensuite repartir dans des notes plus claires, on le voit par exemple dans ‘’Tell Me I Should Stay’’.
Cette dualité entre ambiances optimistes et mélancoliques, on la retrouve régulièrement dans l’album, avec quelques titres qui jouent sur cet aller-retour. Il y a bien sûr ‘’Tell Me I Should Stay’’, avec son intro au piano, mais je pense aussi à ‘’Build it Up’’, qui a un caractère plus triste dans ses premières notes, pour après déboucher sur un groove plus fourni, ou bien encore à ‘’Bar Lonely’’. Franz Ferdinand arrivent à effectuer des transition hyper smooth et naturelles. Même si on a un changement soudain d’ambiance dans la composition, c’est toujours amené avec pertinence, et on a notre petit shot d’adrénaline.
Mais ce shot d’adrénaline, on l’attend quand même un peu. Je dois avouer que j’ai eu besoin de 3 ou 4 morceaux pour me mettre dans le bain. Les titres ne sont bien sûr pas mauvais, mais il manquait un petit truc. Si ‘’The Human Fear’’ comporte des morceaux riches en termes d’ambiance, les premiers titres manquent un peu de couleur. C’est vraiment des morceaux qui vont tout droit, sans vraiment de pauses, et avec parfois des fins un peu trop abruptes, et on le remarque dès le premier morceau, ‘’Audacious’’. Bon, ok j’ai pris un exemple extrême, mais j’ai plusieurs fois eu cette sensation qu’on me coupait l’herbe sous les pieds. Je profite d’un morceau, le bridge super cool arrive, ça se construit et ça empile des harmonies, la batterie joue plus fort, t’es en train de kiffer, ET PUIS ENSUITE…
Fin.
Heureusement, Franz Ferdinand nous réservent aussi quelques surprises. ‘’Black Eylashes’’, ou les cils noirs, a quelques airs de morceau de pirate, avec ses roulements de caisse claire et l’utilisation d’autres instruments à cordes, et surtout ‘’Birds’’, qui est mon petit coup de coeur de l’album, parce qu’on a enfin une grosse explosion de son, et ça fait du bien. Va savoir pourquoi les oiseaux ça fait peur, c’est peut-être une référence à Hitchcock, ou peut-être parce qu’ils ont pas de bras.
Sur ‘’The Human Fear’’, on sent pas vraiment que la peur est traduite en musique, notamment avec tout ce caractère optimiste et festif des morceaux. Mais pour reprendre Alex Kapranos, cet album n’est pas vraiment à propos de la peur elle-même, mais de sa nécessité pour se sentir en vie – et puis aussi, bon, c’est pas Evanescence hein. Cette sensation de vie, justement, elle est très bien traduite par les instruments et le chant. Une sensation de vie qui se balance entre moments sombres et moments joyeux, même si on a parfois des morceaux plus classiques, qu’on ressent comme un seul bloc sans trop d’aspérités.
En tout cas, comme beaucoup de gens probablement, je connaissais qu’un seul morceau de Franz Ferdinand. Je m’excuse envers l’Écosse mais c’est malheureusement pas avec cet album que je vais crocher à Franz Ferdinand. Histoire de quand même finir sur une note positive, je vais quand même rester accroché sur ‘’Hooked’’ – oui ça veut littéralement dire ‘’accroché’’ en anglais, et c’est sûrement un des jeux de mots les plus rincés de ma carrière, on a commencé des guerres pour moins que ça.
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Chronique : Lionel
Animation : Emma
Réalisation : Candice, Marlon
Première diffusion antenne : 27 janvier 2025
Crédits photos: Domino Recording
Publié le 30 janvier 2025
Mis en une le 1er février 2025
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