Excursion balkanique avec « Teppish » de Pamplona Grup
Ils viennent de Baden. Leur musique puise dans des cultures judéo-balkaniques avec une pointe de rock et de jazz. Je devais chroniquer leur nouvel album «Teppich» au moins pour ce doux métissage. On peut également parler de tissage car cette œuvre de onze titres se traduit par «Tapis» à l’image de la pochette ondulée où s’entremêlent des motifs ancestraux. Une couture sonore disponible depuis le 18 février. Le groupe se compose de neuf jeunes musiciens ! Un «véritable big band» avec une batterie, deux cuivres, deux bois et trois cordes. Seras-tu les reconnaître ? Challenge ! En ressort une générosité sonore maniée avec parcimonie. Les forces instrumentales se développent en harmonie comme dans un orchestre. Inspirations aériennes, festives et mélancoliques..
Légèreté et poésie avec «Suuuuze». Dédicace au camarade Vince qui serait capable d’en mettre dans ses céréales tellement il aime ce breuvage. Entends-tu le souci du détail dans cette envolée? Ça me fait penser au printemps, tout fleurit, on sent le soleil nous caresser le museau… Un plaisir éphémère toutefois ! On se souvient encore de l’hiver mordant. Mais n’est-ce pas encore meilleur, quand on sait que ça ne dure pas ?
La production est entièrement instrumentale. Une originalité dans notre espace saturé d’autotunes et de messages politisé de la part des artistes. Avec l’album «Teppich» on navigue dans un flot d’émotions portée par la composition en vagues instrumentales. Imagine-toi sur un voilier, ligne d’horizon tracée à la règle. Certaines parties comprennent uniquement une guitare, une mouette violon et une batterie clapotis. Le tout invite au repos mais le vent tourne vite…Sans prévenir la mer nous rappelle qu’elle est autant notre pote que notre ennemie. J’apprécie particulièrement l’art du crescendo dans cet opus. Une alternance de puissances romanesques développées sur des chansons de 3 à 8 minutes. Ça débute piano et ensuite…
Est-ce qu’on se croirait pas en Roumanie ?! Avec les coups d’accordéons en contre temps et la batterie de fanfare j’ai l’impression d’avoir atterri en Europe de l’Est ! «Otto Ries», la chanson écoutée à l’instant, se danse sur un rythme ternaire. On dirait une noce teintée de tristesse ou un mariage arrangé. Quand la tradition montre à la fois sa lourdeur et ses plus belles couleurs. Ça me rappelle le fameux saudade portugais, on est tiraillés entre l’espoir et le dépit.
Pamplona Grup rappelle les notes de l’immense bosniaque Goran Bregovic. Une sensibilité similaire se dégage avec ces orchestrations fournies et tourmentées. L’omniprésence des cuivres, particulièrement celle de la trompette, peuvent également évoquer certaines productions d’Ibrahim Maalouf. Finalement ça résonne comme un mélange de ces deux artistes à la sauce suisse.
«Interregio» s’écoute comme hommage à nos jolis trains rouges. On se fait tranquillement charriés vers une montagne. Arrivée prévue entre chien et loup. Quelques chose d’inquiétant se trame… Pamplona Grup construit doucement cette ambiance particulière. Je parie un plein d’essence que ces gars-là sortent d’école de musique. Après une partie lumineuse et son chorus magique sur la guitare on tombe dans un pont à la rythmique singulière, les tailles de mesures varient savamment. En voiture ! Interregion direction Baden…
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Chronique : Romain
Réalisation : Téo
Crédits photo podcast : © Pamplona Grup
Crédits photo background : © Claude Bühler
Date de diffusion: 30 mars 2022
Publié le 9 avril 2022
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