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Échec mycose fait exploser l’échiquier mondial

Michaël Rolli | 8 mai 2025

« Échec mycose » a commencé le mardi 6 mai à la Maison Saint Gervais et se joue jusqu’à dimanche 11… et c’est tout un programme.

C’est une comédie musicale foutraque et do it yourself, en gros un ovni théâtral qui oscille entre le théâtre, la performance et la musique électro, le tout avec les moyens du bord. Le spectacle est proposé par la compagnie Pluton, porté par le duo Alice Oechslin et Ulysse Berdat qui assurent l’écriture, la mise en scène et l’interprétation. Les deux diplômé·e·x de la HEAD nous livrent leur troisième création et clairement, iels ne sont pas venus pour respecter les cases.

Tout le projet est parti d’une véritable annonce, à savoir la décision prise par la Fédération internationale des Échecs d’interdire aux personnes trans de participer aux compétitions. Voilà… ça suffisait pas aux échecs d’être soumis à la binarité des cases blanches et noires, il fallait aller plus loin…

En deux mots…

Axel et Chloé, les deux protagonistes, se retrouvent dans un café. Axel doit parler à Chloé, parce qu’iel a passé la journée dans le noir. Iel le sent, iel le sait, la Fédération internationale des échecs se fout des personnes trans. À partir de là, les deux se retrouvent avec une quête, celle de faire exploser l’échiquier mondial. Pour ça, le duo décide de squatter les dernières ondes FM de Suisse pour émettre leur radio pirate « Fréquence mycose » et faire passer leur message. Et là, c’est le grand délire : pour atteindre la radio, il faut user de stratégies millimétrées et fongiques, et une fois les ondes en main, iels proposent histoires florales, tuto « fabrique toi-même tes hormones » et évidemment musique bien déjantée.
Bon, quel est le rapport avec les champignons ?

Eh bien, hormis le fait qu’on ait par moment l’impression d’être sous champignons hallucinogènes, le duo s’est inspiré du poème de la danseuse et performeuse française Léa Rivière « Je suis pas trans dans la forêt ». Les champignons deviennent alors icônes d’une société qui naît d’un réseau interconnecté et non-binaire. Là où les échecs veulent tout enfermer dans 64 cases, le champignon, lui, explose les frontières, s’insère partout, se multiplie, pousse là où on ne l’attend pas. Bref, le champignon, c’est la révolution !

En sortant, je me suis senti un peu perdu. Il faut dire que c’est un spectacle qui déraille parfois et prend plusieurs directions, laissant une place à la performance et noyant par moment la narration. On aurait peut-être aimé que le fil du sport et du genre soit un peu plus approfondi. Malgré quelques longueurs, la force du spectacle réside dans la performance et le côté DIY. Avec du polyester, le duo réussit à faire apparaître un studio de radio, une forêt et un échiquier géant. On ne sait plus si on regarde des champignons ou des pions.
Une autre force de ce spectacle c’est les questions qu’il soulève. Si on fait tous partie du même jeu d’échecs, ne pourrait-on pas imaginer une nouvelle façon d’y jouer ?

En tout cas, « Échec mycose » c’est jusqu’à dimanche à la Maison Saint-Gervais, et si vous le ratez à Genève, pas de panique, ça revient à l’Arsenic de Lausanne du 14 au 18 mai. Et d’ici là… évitez les champignons bizarres, sauf si c’est sur scène.
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Chronique : Michaël
Animation : Emma
Réalisation : Léo et Alexis
Crédits images : Zoé Aubry
Première diffusion antenne : 7 mai 2025
Publié le 8 mai 2025

Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast

Une publication de Michaël Rolli


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