Compilation de remix pour King Gizzard & the Lizard Wizard
– On a pas l’habitude de chroniquer des albums de remix mais une exception doit être faite pour King Gizzard & The Lizard Wizard. De quoi s’agit-il cher Romain ?
– Leur nom est aussi étrange que leur pays, j’ai nommé l’Australie. Les 7 membres du groupe font office de représentants de la nouvelle scène rock d’Océanie. Depuis 10 ans leur musique se développe avec une incroyable richesse, des emprunts dans tous les styles et une énergie salvatrice. Du grand art ! Il y a 6 mois sortait leur album «Butterfly 3000» aujourd’hui retravaillé sous le nom «Butterfly 3001» : une sorte de compil’ arc-en-ciel sortie en janvier de cette année. 21 pistes découpées et recollées par des artistes de tous bords. On trouve notamment les signatures connues de Dam Funk, Mall Grab ou DJ Shadow. Ce dernier te rappellera peut-être la fin des années 2000.
– « Black Hot Soup », une introduction percussive de DJ Shadow dont on reconnaît la patte sombre et terriblement rythmée. Un coup de fouet auditif avant d’entrer dans la danse. Au début de la piste on croirait entrer dans un concours de breaking. On a envie de casser les mouvements, d’imiter C3PO, de finir par tourner sur la tête ! Mais ça se gâte ensuite. Le pont que l’on vient d’écouter donne plutôt envie de secouer la tignasse à la façon d’un métalleux. On a l’exemple saillant de la maîtrise du soupir, cette note à ne surtout pas jouer pour un effet d’emphase sur la suite du morceau. Une célèbre astuce utilisée par les compositeurs d’autrefois et d’aujourd’hui. Dans le cas précis il reste tout de même un son dans chaque intervalle, en l’occurrence une note de guitare ou un «wooooo». L’accentuation amenée par cette pause fait tout de même son effet. Un tour habile dans cette production fournie en contre-temps et en «sample». Ce sont ces fameux échantillons piochés çà et là ; une autre technique qui a révolutionné notre approche de la musique dès les années 70.
– Un héritage tiré du dub et du hip-hop n’est-ce pas ? Bon Romain, tu connais la maison maintenant, on veut du rock ici !
– Alors je réponds oui à ta question sur le sample mais je dois te prévenir : cet album sonne majoritairement électro.
J’ai trouvé du dub, de la drum n’ bass, de la house, du reggeaton, de la disco et même de la psy-transe. Tu vois le tableau ! King Lizzard & The Lizard Wizard s’appuient sur le talent de producteurs pour repenser leurs chansons. Ça peut freiner l’écoute et le tout ressemble plutôt à la mixtape d’un magazine branché mais tout de même ! Quelques pépites se cachent toutes les quatre pistes. Comme on dit chez moi «Faut pas y craindre dedieu !». Petit passage par une Kingston jumelée avec Shanghaï. Rastafari JAH!
– Est-ce qu’on croirait pas doucement voguer en péniche sur le Mekong ? La reprise de «Shanghai» par the Scientist Dub nous emmène dans une Chine rêvée. Celle qu’on admire pour sa culture ancestrale… On entre dans une marche typée reggae-dub. Elle s’accompagne d’un chant haut perché retravaillé avec du chorus et des échos. Quelques effets studio ajoutés à cette voix finement déposée en harmonie avec les notes. Le producteur s’est aussi amusé avec des réverb’ sur le clavier, classique dans ce style, et des va-et-vient dans la stéréo. Cette palette de nuances donnent de la texture au son. Elle font aussi voyager l’auditeur comme si le paysage s’altérerait sous la lumière ou durant la traversée d’une contrée brumeuse.
Finalement il fallait que je cite la reprise de « Ya Love» par Geneva Jacuzzi. Aucun lien avec notre belle cité mais le kitsch de la vieille boîte à rythme te plaira peut-être.
– Tu devrais en parler à Varnish la Piscine, les deux feraient une belle collab’.
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Chronique : Romain
Réalisation : Cyril
Crédits photo podcast : © KGLW
Crédits photo background : © KGLW
Date de diffusion : 2 février 2022
Publié le 20 février 2022
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