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La QuotidienneMusique

CHAUFAU : C’est nos vis, rock romand à la croisée des genres

Adrien | 27 mai 2025

Le groupe CHAUFAU sort un nouvel album le 30 mai 2025 intitulé C’est nos vis. Adrien l’a chroniqué et Radio Vostok permet à ses auditeur·ices de l’écouter ci-dessous en exclusivité.

Aujourd’hui, j’ai la chance de vous présenter en avant-première sur Radio Vostok, le prochain album du groupe CHAUFAU, intitulé C’est nos vis. Je pense que vous l’avez deviné : ils sont de Romandie et arrivent avec une proposition originale et décalée comme on les aime.

Le single avait piqué ma curiosité, j’avais vraiment envie de voir ce que ça allait donner. Et en toute sincérité, c’est une super surprise, voire même une petite claque sur certains aspects.

Fondé en 2022 à Lausanne, CHAUFAU se définit comme faisant partie de la nouvelle vague post-prog. Pour le “post”, je ne sais pas, mais concernant le côté progressif, on est en plein dedans. Inspiré par la richesse culturelle et la diversité de la Suisse, le groupe possède un univers sonore véritablement unique, fusionnant styles et influences pour façonner une identité musicale inclassable.

Antoine Ducommun au chant et à la guitare, Joris Arlaud à la batterie, Mathias Muster aux synthés, William Grobet à la basse — et à la boîte à rythmes. Quatre musiciens polyvalents, dont les talents se marient parfaitement. On pourrait passer un long moment à parler du rôle de chacun tant ils apportent tous leur pierre à l’édifice. Mais j’aimerais surtout m’arrêter sur William Grobet, leur bassiste. Celui-ci est décrit comme étant “le cerveau derrière l’aspect électronique et mécanique de l’univers sonore du groupe.”

Il forme un duo rythmique solide avec leur batteur Joris, s’inspirant des grooves motoriques et mécaniques du krautrock, tout en intégrant des lignes de basse plus dansantes. Mais surtout, en tant qu’ancien et actuel raveur, c’est lui qui pilote la boîte à rythmes et le sampler Electribe sur scène. Il est pour moi le pivot du groupe, fusionnant parfaitement le rock et l’électro avec des transitions d’une fluidité rare, toujours appuyées par les sons et textures de Mathias Muster au synthé.

Ce qui m’a avant tout frappé dans l’album, c’est que comme je les attendais au tournant, CHAUFAU a eu la capacité de désamorcer chacune de mes potentielles critiques, point par point.

Dans l’ordre : le style. Complètement hybride, c’est pour moi ce qu’il y a de plus marquant. Ils ont une capacité extraordinaire à mélanger différents styles d’électro et de rock, tels des Pink Floyd biberonnés au punk et à la techno. Moi, ils me font penser un peu à King Gizzard and the Lizard Wizard. Mais d’après eux, leurs inspis, c’est plutôt : Frank Zappa, The IDLES, Alain Bashung ou encore Devo.

Le deuxième point sur lequel je me méfiais, c’est le choix des paroles en français. Comme toujours, c’est un choix qui nécessite un jeu d’équilibriste permanent pour ne pas tomber dans la niaiserie absolue. Et là, je dois dire que CHAUFAU m’a convaincu.

Bien qu’un peu étranges parfois, les textes, très absurdes, sont empreints d’un humour qui fait mouche et porteurs de plusieurs sens, que l’on ne perçoit pas forcément tout de suite. Il faudra se laisser porter par la musique, et se laisser aller à la rêverie pour que les émotions nous montrent les images que véhiculent les paroles.

Mais là aussi, le groupe se débrouille superbement bien, avec une capacité à illustrer et appuyer ses textes grâce à la musique, digne dans l’approche de Propagandhi dont je vous ai parlé lors de ma dernière chronique.

CHAUFAU sait aussi doser la quantité de voix, puisque le chant n’est pas omniprésent et la structure des morceaux laisse beaucoup de place à la musique.

Selon eux, c’est lors d’une résidence d’une semaine au STAMM, à Porrentruy (qui, je le rappelle, n’est pas la capitale du jambon), qu’ils ont enregistré C’est nos vis. L’endroit étant conçu à l’origine pour des résidences théâtrales ou de danse, ils ont métamorphosé le lieu en un véritable studio d’enregistrement post-apocalyptique. Avec des matelas accrochés aux murs et des couvertures de survie en guise d’isolation sonore, ils ont dû redoubler d’ingéniosité pour créer un espace propice à l’enregistrement.

Et comme une semaine, ce n’est pas beaucoup, le groupe a enchaîné les sessions de jour comme de nuit, et a — je cite — “transformé la tranquillité du voisinage et celle du pauvre mécanicien en dessous en un branle-bas de combat musical mémorable.”

Et je dois dire que le résultat est impressionnant lorsqu’on apprend qu’ils ont enregistré dans un tel endroit, avec des matelas sur les murs.

Tout simplement : bravo à leur ingé attitré, Pedro Tomé, qui a fait un travail époustouflant. Puisque le groupe navigue tellement entre différentes ambiances et genres, rendre le tout cohérent et clair à l’écoute est un véritable tour de force.

Je serais d’ailleurs très curieux d’écouter les prises brutes faites au STAMM, car vu le résultat, celles-ci devaient être également très réussies. Comme quoi, les matelas sur les murs, ça a l’air de fonctionner.

Cependant, j’ai un seul petit reproche — et c’est le même que pour Orphia : même si c’est moins systématique, il y a réellement des passages où on entend mal la voix, ce qui gêne la compréhension des textes. Et c’est là aussi dommage, vu la qualité du reste.

Mais, je pinaille, parce que c’est un premier album, et la barre est déjà placée très haut.

On doit souvent leur demander d’où vient leur nom, puisque ceux-ci se présentent dans leur bio avec cette petite formule magique :

« Frottez donc votre merveilleux chauffe-eau trois fois, et vous serez surpris.e.x de découvrir quatre lurrons de Romandie qui n’auront pas la prétention d’exaucer vos vœux, mais qui vous présenteront les fruits de leurs troublantes expérimentations sonores… Que cela vous plaise ou non, nous sommes tous.tes.x dans le même CHAUFAU. »

Et c’est cette dernière phrase qui définit complètement leur style.

Et on le sent bien : CHAUFAU cherche avant tout à rassembler. Et qu’on soit un hippie ou un punk bercé au gros rock expé, un teufeur écumant les rave parties, ou même un fan de rock français au ton décalé, CHAUFAU a de quoi mettre tout le monde d’accord, et c’est une force extraordinaire qui se perçoit jusque dans leur musique.

Alors n’oubliez pas : C’est nos vis sort vendredi, et je vais vous laisser, avec en avant-première sur Radio Vostok : le titre Parmizian, qui n’est pas un fromage arménien, mais bien un de mes morceaux préférés de l’album.


Chronique : Adrien
Animation : Emma
Réalisation : Candice et Noé
Première diffusion antenne : 27 mai 2025
Crédit Photo : @tiffunicorn
Publié le 27 mai 2025

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Une publication de Adrien


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