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CultureLa QuotidienneThéâtre

Charlie, de la bêtise au génie

Martin | 1 décembre 2023

Charlie est une pièce librement inspirée du roman de Daniel Keyes : des fleurs pour Algernon, et mise en scène par Christian Denisart. Charlie a 32 ans, mais avec son QI de 68, il a l’intelligence d’un petit garçon de 6 ans. À défaut de comprendre le monde qui l’entoure, il est surtout, profondément gentil, curieux, et appliqué dans ses tâches.

Dans un laboratoire, le professeur Nemur et le professeur Strauss ont trouvé un moyen pour décupler l’intelligence d’une souris.
Les résultats sur Algernon, petit rongeur de laboratoire, sont bluffants. Et si l’on testait la solution sur un être humain ? Quand on lui propose de tenter l’aventure, Charlie accepte.

Si les résultats sont progressifs, ils ne tardent pas à dépasser toute espérance. Petit à petit, Charlie comprend le monde qui l’entoure. Son intelligence s’envole au-delà de la moyenne. Il commence à aimer la musique classique et la littérature, les théories de mathématique et de physique complexes lui semblent claires comme de l’eau de roche. Et à mesure que son QI se multiplie, il finit par laisser son monde derrière lui, plus personne n’arrive à suivre sa folle vivacité d’esprit.

Que faire quand son intelligence dépasse de loin, de très loin, celle de la moyenne ? L’isolation vers le haut n’est-elle pas aussi tragique que celle en bas du spectre ? Car c’est bien beau de démultiplier l’intelligence seule, mais qu’en est-il de la maturité affective ? De l’isolation du simplet, il va directement foncer vers la solitude du génie.

Mais quand l’intelligence de la souris semble régresser, Charlie commence à se poser des questions…

J’avais adoré le livre de Daniel Keyes, et je n’ai pas été déçu par la pièce. Avec des allures de comédie musicale, elle offre un questionnement saisissant sur la performance, le dépassement de soi, et les conditions du bonheur.

Les décors étaient remarquables, une série de modules en double-face qui pouvait tantôt montrer un bar, une usine, un laboratoire ou la chambre de Charlie. Ils nous plongent dans l’imagerie des années 50-60, élément souligné par les costumes des acteurs.
Notons aussi que tout est fait sur scène, la musique comme les voix. L’attention au détail est plus que poussée. On aura par exemple un synthétiseur pour générer les sons électroniques, et lors d’une scène de projection, c’est un véritable projecteur Super 8 que l’on verra sur scène. L’évier est même équipé d’un Jerrican pour faire couler de l’eau dans le lavabo !

Un mot sur le jeu d’acteur : je tiens à souligner la performance émouvante de Pascal Schopffer, dans le rôle de Charlie. Il parvient à nous transmettre toutes les expressions, de la bêtise à l’intelligence, en passant par la joie, la frustration et l’incompréhension. On se prend tellement d’affection pour le personnage qu’on s’attend à recroiser Charlie en sortant de la salle de théâtre.

En somme, il n’y a rien de lourd, rien de répétitif, pas de longueur. La pièce est légère, les messages sont clairs, les intentions du metteur en scène faciles à lire. La forme satisfait le fond à la perfection, ce qui fait passer l’heure 40 de la pièce en un clin d’œil.

Charlie, ça se joue du 21 novembre au 17 décembre au Théâtre de Carouge, alors si vous aimez les belles histoires et les questions sur l’intelligence, vous n’avez intérêt à ne pas la rater. À voir absolument !

Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast

Une publication de Martin


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