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La QuotidienneMusique

Bandit Voyage, « Was ist das »: qu’est-ce que ça donne?

Julian | 28 octobre 2023

Je me souviens encore de cette fête de la musique 2019. Sur scène, un bassiste avec des rollers, une guitariste chantant des paroles sur le moyen-âge, le tout sur le son d’une boite à rythme. Et sur le chemin du retour, je me retrouve à écouter leur album « Le Gang ». Je viens de découvrir un nouveau groupe.

Bandit Voyage, c’est un duo composé d’Anissa Cadeli à la voix et à la guitare et de Robin Girod à la Basse, qui contribue au chant sur certains titres. Après leurs EPs « Amour sur le Disque partie 1 & 2 », les voilà de retour avec leur second album, « Was ist Das », publié par Cheptel Records.

Le disque commence avec « Once a Day ». Une boîte à rythme en 4-on-the-floor couplée à la ligne de basse de Robin donnent envie de sautiller au milieu d’une piste de danse, tandis qu’un clavier joue un riff d’une ligne mélodique ascendante et descendante sur trois notes. Les paroles sont chantées en franglais, comme c’est le cas pour la plupart des chansons de l’album.

Pourtant, les titres suivants ne prolongent pas l’ambiance installée par ce morceau d’ouverture. On s’attend à danser ou a sautiller, et tout de suite après on se retrouve avec des titres mélancoliques comme « Je déplace », qui fait très « guitare-au-coin-du-feu ».

Dans ce cas-ci, une petite batterie, des accords de guitare sèche, des paroles mélancoliques parlant de comment on « déplace ceux qui entrent dans nos vies », le tout complémenté d’un petit saxophone, et nous voilà avec nos potes en train d’écouter le guitariste de la bande avec des marshmallows grillant sur le feu de camp.

On se retrouve aussi avec des titres comme « Can you smell » où la voix mi parlée mi-chantée d’Anissa m’évoque les Talking Heads, mais avec plus d’éléments électroniques.

En quatrième track se trouve une énigme, la chanson « Love Nowhere », avec le saxophoniste jazz Léon Phal en guest. Dire que ma première réaction a été la perplexité est un euphémisme. L’intention de départ n’est pas mauvaise, expérimenter avec la polytonalité est audacieux, pareil pour le sampling.

Mais qu’on m’explique le RAPPORT entre un saxophone atonal, la chanson « Psycho Killer » des Talking Heads qui y est samplée, et les animés japonais! Ils ont décidé de mettre tous ces éléments dans un mixeur et pour sortir la meilleure représentation auditive du TDAH! Sérieusement, ça change d’idée musicale à chaque minute!

Alors oui, Bandit Voyage à toujours fait dans le décalé. Or, il y a être décalé, et il y a être une parodie d’eux-mêmes…

Mais ce n’est pas ça mon problème avec cette première moitié, ni les morceaux en eux même. C’est plutôt le rythme de l’album. Le morceau d’ouverture me donne envie d’écouter des sons post-punk rapides, mais on finit par alterner des titres folk avec d’autres qui sont plus lancinant, sans parler d’une track WTF comme « Love Nowhere » au milieu.

Heureusement, c’est à partir de la huitième chanson, « Was ist Das », qu’on entre dans la partie que je préfère. Les sons d’une saveur punk à la rythmique sautillante mêlée à de la pop et à de la chanson française style yéyé. J’ai l’impression que l’album suit enfin le rythme promis au tout début. Enfin, on a envie de danser !

Les morceaux qui suivent sont bien plus accessibles. On y trouve d’ailleurs mon titre préféré de l’album « Soleil ou Lune », avec des guitares chorus et reverb qui me font penser au groupe français Requin Chagrin ou même à la pop anglaise de The La’s. C’est comme si le soleil se levait sur cet album ! On finit même sur un titre que n’aurait en aucun cas renié un Jacques Dutronc avec « Dyslexique ».

Donc c’est un album décousu, mais loin d’être mauvais ! Le groupe veut faire un compromis entre garder son identité et expérimenter avec autre chose. Les premiers titres sont dans la lignée de ce qu’ils ont fait précédemment. Mais moi, j’ai besoin d’écouter un autre Bandit Voyage. J’y trouve mon compte vers les derniers morceaux, où le mélange de pop française et de post punk prend une forme qui m’intéresse énormément.

Malgré une première partie qui peine à nous happer par son rythme et une chanson comme « Love Nowhere » qui fait nous demander « Was Ist Das », au final, on y trouve son compte ! Il s’agit là d’un essai certes peu soigné mais honorable qui, espérons, annonce un nouveau style pour Bandit Voyage. À voir pour le prochain album !

Chronique : Julián
Animation : Emma
Réalisation sonore : Charles et Benno
Première diffusion antenne : 24 octobre
Crédit photos : Bandit Voyage
Publié le 28 octobre

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Une publication de Julian


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