Baby, amour et débrouille dans un Brésil queer et alternatif
Tu n’as pas l’impression d’avoir déjà vu un film qui s’appelle Baby ? j’ai fait une petite recherche dans mon logiciel d’intelligence superficielle (mon cerveau en fait) et j’ai trouvé : Gone baby gone, Babygirl (dont on a parlé récemment), Cry baby, Baby driver, Baby boss, Baby sitter, Bridget Jones baby, écoute il était temps je crois que l’on donne enfin ses lettres de noblesse à ce mot qui a tant fait dans l’histoire du cinéma. Et c’est chose faite, le film de ce soir s’appelle sobrement et efficacement Baby.
Par contre attention, ne vous y trompez pas, on n’est pas vraiment sur un film pour les enfants. Pas de petits poupons trop mignons, Ce n’est pas une suite à allo maman ici bébé, loin de là. Ici c’est Brésil, débrouille, milieu de la prostitution gay et solitude. On y revient juste après. Tout d‘abord petite présentation du réalisateur brésilien Marcelo Caetano. Nouvelle figure du cinéma queer, Il a réalisé son premier long-métrage Corpo Elétrico en 2017. Et a collaboré sur une vingtaine de films comme assistant réalisateur et directeur de casting, dont Bacurau et Aquarius de Kleber Mendoça Filho. Baby est son deuxième film et a été présenté dans de nombreux festivals avec de multiples prix à la clé. Dont celui de la révélation à Cannes dans le cadre de la semaine de la critique. En bref il est doué et trendy. J’ai d’abord voulu écrire il est in mais je me suis retenu, j’ai bien fait non ?
Donc le film est un peu hypé mais à juste titre. Déjà l’histoire : à Sao Paulo, Wellington un jeune brésilien délicat de 18 ans sort de la prison pour mineur sous liberté conditionnelle. Problème : ses parents sont partis de l’appartement familial sans donner d’adresse. Pas cool. Et ce n’est pas involontaire, on apprendra vite que son père policier n’apprécie pas vraiment l’orientation sexuelle de son fils. Donc Wellington se retrouve à errer dans la rue, sans argent, sans vêtement, sans famille, sans switch (dédicace pour mon fils) sans rien en fait. Il retrouve ses amis queer et par l’entremise d’une virée dans un cinéma gay fait la rencontre de Ronaldo. Ronaldo, c’est un escort-boy plus âgé, qui va le prendre sous son aile, lui donner un toit et va lui apprendre les rudiments de la débrouille quand on n’a ni argent, ni famille, ni formation. En l’espèce, prostitution et petits trafics de drogue …
On va suivre Wellington et par son entremise découvrir un Brésil plus alternatif, queer. Baby va aussi creuser d’une part la relation entre Wellington et Ronaldo entre lesquels des sentiments vont naitre ainsi que la quête de Wellington pour retrouver sa famille. Tous ses arcs narratifs s’entrecroisent et se lient pour donner vie et consistance à l’histoire de ce jeune garçon. Alors il faut quand même rappeler que nous ne sommes dans un film de Cedric Klapisch ou Jacques Demi ici, ce n’est pas samba et joie de vivre à tous les étages. Cependant le côté solaire et doux de Wellington ainsi que la présence, la vitalité et la solidarité de ses amis lui permettent – et à nous aussi d’ailleurs – de supporter la dureté de sa situation. La fraternité et la réalité de la communauté queer au Brésil sont joliment montrés, sans artifices.
C’est l’autre point fort du film : sa mise en scène. Marcelo Caetano réussit à allier réalisme et esthétisme pour nous entrainer d’un jeune gay à Sao Paulo. L’écueil du film réaliste pur et dur est de parfois sombrer dans le documentaire brut sans en avoir sa vérité. Baby ne tombe pas dans cet écueil grâce à son approche esthétique avec des plans toujours recherchés, des jeux sur les lumières, sur les couleurs. Tout cela permet de ressentir la pulsation de la ville mais également de capter l’énergie de Wellington et des gens autour de lui. D’ailleurs, petite information aux âmes un peu bourgeoises dont je fais partie, le film peut être un peu cru, j’ai découvert les cinémas et les saunas gays et c’est vrai que ces endroits ont l’air un peu plus dark que ceux que j’ai l’habitude de fréquenter.
Au final, Baby est un vrai bon film. Et c’est à noter dans un début d’année pas très folichon en termes de sorties au cinéma. Si je récapitule : Scénario dont l’histoire nous accroche – check – , mise en scène sensible et belle – check- acteurs justes et solaires – check . Tout cela concourt au fait que Baby nous emporte. Pendant une heure et demi, nous faisons la connaissance de Wellington et de ses proches. Et même s’ils sont loin de nos vies, parfois de notre quotidien, la réussite du film fait qu’on a envie de les prendre dans nos bras, de danser le voging et de dire à Wellington… on est avec toi, courage Baby.
–
Chronique : Johan
Animation : Emma
Réalisation : Lyes, Theo, Léo
Production : Romain
Première diffusion antenne : 27 mars 2025
Mise en ligne : Johan
Crédit photo : Arthur Costa Marcelo Caetano
Publié le 30 mars 2025
Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast
Commentaires
Pas encore de commentaire pour cet article.