Attendre la mort en compagnie de Cochon Double

Cette semaine le maître en darkitude et bande-son de dépression, et qui plus est avec un super nom : Cochon Double qui a sorti son deuxième album « En attendant de mourir ». Cochon Double fait partie de cette mouvance d’artistes très francophones qu’on pourrait nommer la shlagwave, ce style emmené par des groupes comme Gwendoline ou Les Clopes. La shlagwave c’est un peu des losers et des looseuses revendiqués, des trentenaires qui n’ont pas très bien vécu le passage à l’âge adulte, qui galèrent avec des problèmes d’alcool, de chômage, leurs mecs et leurs meufs qui se barrent, leurs familles qu’ils et elles déçoivent. En fait des millenials pas très adaptés à la société actuelle et qui en font des supers albums. Cochon Double est vraiment représentatif de ce style en tout cas. « En Attendant de Mourir » c’est son deuxième album, le premier s’appelait Bruxisme et était porté par un titre sobrement nommé Vie de Merde. Après Vie de Merde donc, il ne va visiblement pas mieux et il réitère sur Hummus Record, avec 12 titres qui respirent la bonne humeur et la joie de vivre. L’album s’ouvre avec La Faiblesse de l’Ame suivi de En attendant de mourir. Plus tard on retrouve Lucile, sur le paradoxe des relations amoureuses qui peuvent faire aussi mal que rendre heureux. Puis descente aux enfers avec un enchainement Zero sur Dix, Trop de Terriens, Alcool Problèmes et J’aime pas ca. Mais mais mais….la track qui conclut l’album s’appelle Nouvel Homme, alors qui sait, un sursaut positif peut-être, un espoir, on y croit. Pas très positif mais l’album est super. Alors oui c’est un album fait pour vider les stocks de Xanax de toute la Suisse Romande, mais c’est trop bien écrit et c’est super drôle. En fait c’est vraiment douze petites histoires, des petits sketchs de one man show en musique, c’est très imagé, c’est super décalé, il joue beaucoup avec son personnage et avec le second degré. On finit l’album et on se dit ouais on a tous les mêmes problèmes mais c’est vachement marrant en fait. Il y a un truc très cathartique, ça fait du bien tu te sens moins seul. Et les chansons sont très courtes, du coup ce n’est jamais lourd et c’est super percutant. Et si on n’accroche pas avec les textes, ou qu’on ne parle pas français, il se trouve que musicalement c’est très solide aussi. Cochon Double et ses potes se la jouent loosers mais on n’y croit pas trop parce que ça a l’air quand même d’être des excellents musiciens et des rois de la prod. Donc les pseudos loosers en question c’est Brynjar Thorson, le côté Dr Jekyll de Cochon Double, le producteur Rémy Rufer et Steven Doutaz fidèle binôme des crises d’angoisse de Thorson. Et franchement ils ont fait un boulot incroyable. Je parlais du côté shlagwave tout à l’heure, mais ils s’en démarquent au niveau des prods et des instrus, avec des sons beaucoup plus post punk, beaucoup plus live et moins électroniques / boîte à rythmes que ce qu’on peut retrouver dans ce style d’habitude. Il y a une vraie formation live derrière, où on retrouve Steven Doutaz à la batterie et deux autres loosers magnifiques en les personnes d’Alain Perret-Gentil et David Ashby pour la basse, la guitare et les claviers. Un album décalé et très second degré mais qui prend le son très au sérieux donc. En bref En attendant de mourir c’est 12 super titres qui nous rappellent surtout que la musique ça peut vraiment être une solution pour passer des phases difficiles et dédramatiser.

Chronique : Emma
Animation : Zebra
Réalisation : Alexis
Mise en ligne : Emma
Première diffusion antenne : 12.06.2023
Crédits photos : Thibault de Lille

Une publication de Emma