Servette FC : quand les archives rejouent le match
Le 9 octobre 2025 a eu lieu aux Cinémas du Grütli l’évènement SportVintage – Images Grenat. 135 ans d’histoire, un projet ayant pour but de plonger dans l’aventure du Servette FC en voyageant à travers les archives de la RTS et de la Bibliothèque de Genève ainsi qu’en réunissant des personnes liées à cette histoire sportive autour d’une table ronde. Les archives sont encore disponibles sur le site web de la RTS. Pour Vostok, Sophie Meyer et Laurent Guignard, du secteur « Données et archives » de la RTS, sont venus présenter ces archives.
Ayant comme but premier de valoriser les archives et de pouvoir les transmettre au grand public, Sophie Meyer et Laurent Guignard racontent que le choix de se concentrer sur le club grenat s’est effectué suite à leur rencontre avec Philippe Vonnard, président de l’AvaHs – l’Association pour la valorisation des archives et de l’histoire des sports. Vecteur d’émotion mais également source d’intérêt sociologique et historique, le club permettait un traitement intéressant des archives ainsi que la possibilité de susciter l’intérêt d’un large public – fans de foot comme personnes curieuses de découvrir ce monde. Accueillant plusieurs intervenantes et intervenants dont Laura Felber – joueuse au Servette FCCF – et Alain Geiger – ancien joueur et entraineur du Servette FC, aujourd’hui directeur sportif du club -, le projet a choisi de se concentrer sur trois thématiques : les infrastructures, les conditions d’exercice du sport (la professionnalisation des joueurs et des joueuses) et le football féminin.
Des évolutions marquantes
Ces trois angles sont en effet significatifs pour illustrer les avancées de Servette. Concernant les stades mis à leur disposition, les archives montrent le passage du parc des sports au début du XXe siècle au Stade des Charmilles dès 1930 (comptant alors 9250 places assises) jusqu’à l’inauguration du Stade de Genève à la Praille (contenant cette fois-ci 30’000 places assises) inauguré en 2003. De la même façon, les conditions des joueurs et des joueuses ont considérablement changé : alors que dans les années 60 les joueurs travaillent tous à côté de leur activité sportive, le club se professionnalise avec le temps et Sophie Meyer raconte que les entraînements deviennent de plus en plus sophistiqués, au même moment où l’argent et le marketing prennent une place de plus en plus importante.
Toujours de très fortes inégalités de genre
Malgré ces évolutions impactant également les joueuses, le projet souligne les énormes disparités entre les genres au sein du football genevois. En effet, Sophie Meyer raconte que « cette discipline féminine n’est vraiment pas prise au sérieux pendant des décennies » et que, alors que le Servette masculin jouit d’une reconnaissance nationale, le premier championnat féminin homologué par la ligue nationale de football n’a lieu qu’en 1970. Ainsi, entre le manque de moyens et de considération accordés aux joueuses – les archives nous permettent notamment de nous rappeler les commentaires condescendants effectués à leurs égards pendant les matchs de l’époque – , l’archiviste explique que « les joueuses genevoises vont mettre des décennies à sortir de l’anonymat » et que le vrai tournant s’effectuera en 2017 lorsque sera créé le FC Servette-Chênois, une fusion qui « propuls[era] les Genevoises dans la cour des grandes ». Malgré cela, de nombreuses footballeuses doivent encore aujourd’hui renoncer à leur sport parce qu’elles ne peuvent pas en vivre et le public reste moins présent pour les équipes féminines. Il reste cependant de l’espoir, comme on l’a vu cet été lors de l’Euro féminin qui a apporté une visibilité au football féminin et qui a vu le stade de Genève être complet pour supporter le match Suisse-Finlande !
Mélanger émotions et réflexions
Ainsi, l’évènement du Grütli adopte une approche intéressante mêlant amour du sport et regard critique sur celui-ci. Laurent Guignard explique qu’il était important de « ne pas faire l’apologie du Servette » et de « ne pas [faire] l’impasse sur les questions plus problématiques [telles que] l’argent [ou le] marketing ». Malgré cela, le cœur du projet est également de célébrer le football et de profiter de revivre des moments forts des équipes féminines et masculines sur grand écran.
Pour la valorisation des archives
Bien qu’étant une soirée unique, Sophie Meyer et Laurent Guignard soulignent que le projet s’inscrit dans une volonté plus globale de faire vivre les archives auprès du grand public. Leur but est alors « de les transmettre, de les rediffuser et de les republier de manière générale sans que cela soit lié à un programme ». Pour cela, ils utilisent les plateformes digitales notamment Instagram et YouTube et créent plusieurs évènements, par exemple Mémoires de Suisse romande : un projet dans lequel des archives d’une région ou d’un village sont montrées à la population locale. Ici encore, le but est d’allier l’émotion liée au visionnage de ces images à une réflexion plus sociohistorique concernant l’évolution d’une région. Au cœur de leur projet donc, la volonté « de mettre en parallèle le passé et le présent pour que cela fasse sens aujourd’hui ».
Les archives du Servette FC sont disponibles sur le site web de la RTS
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Invités : Sophie Meyer et Laurent Guignard
Animatrice : Lola Gregori
Journaliste : Emma Thibert
Réalisateur : Léonard Blanc
Première diffusion antenne : 09.10.2025
Rédaction : Clara
Crédit photos : Centre d’iconographie de la Bibliothèque de Genève et Keystone
Publié le 9 octobre 2025
Modifié le 23 octobre 2025
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