Mexico 86, dilemme déchirant entre amour et devoir
Quand je vais au cinéma, il y a un peu deux options : soit je vais voir un documentaire et je m’attends à ce qu’on m’explique depuis le début le sujet et les enjeux pour en ressortir avec une connaissance supplémentaire. Soit, je vais voir une fiction et je m’attends à ce que ladite fiction me fasse comprendre qui, quoi, où, quand, comment, pourquoi dans un temps raisonnable pour ne pas que je décroche. Je ne pars pas du principe que j’aurais dû faire des devoirs et des recherches poussées avant d’aller voir l’œuvre ni que j’ai besoin de voir d’autres films avant pour comprendre. Exception faite des « Marvels » évidemment où il faut avoir suivi 143 films, 55 séries, 2 saga, 6 phases et tenu à jour une timeline précise depuis 25 ans sinon on n’y comprend plus rien. Mais mettons que Marvel soit l’exception.
Vous voyez où je veux en venir j’imagine ? Je n’ai rien compris… Pas vite en tout cas ! Ça doit être moi, team premier degré, team je-vais-pas-assez-vite-pour-lire-entre-les-lignes si on ne m’explique pas un minimum le sujet. Il faudra attendre une bonne quarantaine de minutes pour avoir une information substantielle. C’est long. Et ça donne beaucoup de temps pour se focaliser sur autre chose que l’intrigue du coup, la mise en scène un peu banale, le travail sonore peu recherché et une Bérénice Bejo en personnage principal qui semble bien empruntée à devoir jouer dans une langue – l’espagnol – dans laquelle elle ne joue pas d’habitude.
Là vous avez peut-être envie de me dire, mais de quel film tu nous parles ? C’est désagréable hein de ne rien comprendre. Je vous ai donné des bribes mais rien d’assez conséquent pour vous faire une image. Tout pareil ! Nananère ! Alors message aux cinéastes : aimez votre public ! C’est nous qui allons voir vos œuvres au ciné. Mais puisqu’il ne faut pas être rancunière !
Il s’agit de « Mexico 86 » de César Diaz. Ça raconte l’histoire de Maria, interprétée par Bérénice Bejo donc, une militante révolutionnaire guatémaltèque opposée à la junte militaire. Le film démarre sec : son mari est assassiné sous ses yeux. Forcée de fuir, elle laisse à contre cœur son fils alors âgé de quelques mois à sa mère. On va la retrouver 10 ans plus tard, exilée au Mexique, où elle poursuit son activisme sous couverture multipliant les perruques et les identités. Elle est traquée en permanence et toujours sur ses gardes. Son fils et sa mère viennent lui rendre visite. Problème, sa mère ne peut plus s’occuper du fiston et Maria doit le garder avec elle au Mexique, dans cette vie faite de secrets, de mensonges et de regards par-dessus l’épaule.
Un film à mi-chemin entre le thriller politique et l’histoire familiale. Et d’ailleurs, le réalisateur s’est inspiré de sa propre histoire et celle de sa mère. Originaires du Guatemala, sa mère, activiste, a dû fuir au Mexique et il a été élevé par sa grand-mère.
Les deux sujets sont finalement très forts et prompts à créer une intrigue mais je trouve qu’ils n’arrivent pas vraiment à se rejoindre et à s’amplifier l’un l’autre. Sur 1h30 de film, il faut attendre quasiment 1h15 pour que ça démarre, avec une très belle scène d’action notamment. Mais ce dernier quart d’heure rattrape le tout et fait décoller les enjeux du film.
Ce dilemme terrible, entre d’un côté, son engagement politique, ses valeurs, vouloir venger son mari et tenter d’offrir à son pays un avenir meilleur et de l’autre côté, son fils, à qui elle ne peut offrir une vie normale et même qu’elle met en danger en vivant avec lui, cette vie de mère qu’elle aurait sans doute voulu mener. Bérénice Bejo cesse d’être mono expression pour livrer une très belle prestation où on perçoit et ressent la douleur que provoque ce déchirement entre le devoir et l’amour. La fin du film a la beauté de ne pas juger ses choix ni dans un sens ni dans l’autre. Et là, ça se passe de toute information.
–
Chronique : Sophie
Animation : Emma
Réalisation : Laure
Première diffusion antenne : 19 mai 2025
Crédits photos : BAC Films
Mise en ligne : Sophie
Publié le 25 mai 2025
Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast
Commentaires
Pas encore de commentaire pour cet article.