Oui oui oui, les Fomies reviennent fort et liminaux !
– On les a manqué au M4 Music festival, ils reviennent fort avec un 7ème album. Ce sont les Fomies.
– Je leur tire mon chapeau. C’est un groupe dont on suit rigoureusement les actualités puisqu’ils sortent des sons pêchus, léchés et électrisants au possible. Ce quintet veveysan a donc tout pour plaire… A noter qu’ils passent souvent dans la région, doublement intéressant ma chère Emma. D’ailleurs je les avais vu (avec toi ?) au Château Sonic. Je m’étais pris une belle claque sonore avec le batteur placé sur le devant de la scène, disposition assez rare pour être citée. Laurent Glur, pour le nommer, également fondateur du trio Eckhart, gagnant du concours demotape Rock où on était et dont on a des interviews. Disponibles en consultant nos récents podcast. L’album dont je viens narrer les atouts est un magnifique produit du terroir vaudois, à la fois brut et travaillé comme une sculpture ancestral, le temps ne fait qu’ajouter du charme sur elle. Ça s’appelle « Liminality », sorti le 11 avril dernier chez Taxi Gauche records. Un label zurichois rassemblant de chouettes artistes du rock indé suisse. Je te recommande d’aller y prêter une oreille attentive.
– Limanalité, encore un mot technique dont personne ne connait la signification. Alors Définition ! Yann Marguet si tu nous écoutes… Selon le Robert, ce bon vieux bob, « liminal » signifie « qui est au niveau du seuil de perception, qui est tout juste perceptible. »
– Oui mais pas que. Il existe aussi des concepts socio-psychologiques autour de ce mot mais ce n’est pas le moment de lancer une rubrique « charme de la langue française » à Vostok. Cet interlude sémantique m’amène à te révéler ce qui m’intrigue dans la musique de ces gars, mais avant cela, extrait d’une chansonnette nommée « Colossus III »
– Sympa cette flûte traversière non ? Dirais-tu qu’elle est jouée par un flûtiste ou un synthé ?
– Synthé, je vois mal cette équipe sortir la flûte sur scène.
– Ha tu serais surprise mais je pense en effet qu’il s’agit d’un synthé. Retour à notre liminalité et ce qu’elle m’évoque. Tout d’abord je décèle une influence médiévale, une once de musique païenne ou d’héritage celte. Une sonorité mystique se cache dans les chants et les mélodies du groupe. Cela provient d’une manière de poser sa voix seule ou en groupe mais également des suites d’accords qui rappellent ces temps lointains. Ensuite il y a un héritage fort issu du hard-rock des années 80. J’entends des similitudes de Metallica et d’Iron Maiden et ce à trois égards. On trouve dans ces groupes une manière incarnée de jouer les morceaux, engagée pourrait-on dire, premier point. Les artistes vivent totalement leur production et la projette avec fougue dans leurs instruments. Puis on écoute de vrais technicien-ne-s de la note. Il faut saluer la précision avec laquelle ils ou elles jouent. Toutefois le groupe se concentre sur l’unicité du son plutôt que sur l’exploit personnel, deuxième point. Cela résulte en des structures solides. Une fois que cette base est acquise la place est faite pour des mises en lumière des individualités. Habile me diras-tu mais parfois négligé … Respect à toutes et tous ces chevelus d’ailleurs, ceux et celles qui ne lâchent rien. Finalement on peut remarquer des ponts entre les univers visuels de ces troubadours. Lorsque je regarde les pochettes de Fomies je ne peux m’empêcher d’y voir airs de morts-vivants à la Iron Maiden, maître incontesté de l’imagerie hard-rock. On ne saurait blâmer nos jeunes romands pour cette ressemblance volontaire ou non, tant l’empreinte est forte dans l’esprit de chacun/chacune.
On sent l’énergie salvatrice, omniprésente dans les productions du groupe, notamment grâce aux guitares pleines de fuzzzzz. Ces veveysans représentent aussi un courant du rock qu’on appelle le « stoner ». On a encore globalement à faire à des chevelus dont la principale préoccupation est de répéter des thèmes tantôt lents tantôt rapides mais identifiables par un accent fort sur les temps notamment grâce aux crashs de la batterie et les grattes synchrones qui marquent la cadence. La puissance du son peut y être plus importante que la structure de la musique. On entend notamment ces musiques dans les vidéos du fameux skate magazine « trasher ». Autrement dit on pourrait dire que c’est du rock qui retourne à ses sources. Voilà pour la partie musicale. Quand on aperçoit jouer les adeptes de cette musique on ne voit souvent pas leur tête mais le « headbanging » est quasiment obligatoire.
Fin de l’introduction à ce style. On ne peut toutefois pas cantonner les Fomies à cela. Ils savent déployer de fines nuances dans leur jeu, parfois polyphonique. Des variations dans les productions via les instrumentistes ou retravaillées en studio. C’est un régal pour les audiophiles. Pour revenir sur le côté mi-brut mi-travaillé ce serait comme une pierre précieuse, encastrée dans une pièce de bois et qu’on trouverait au fond d’un souk marocain. Ce n’est certainement pas industriel mais bigrement intriguant. Aussi on la préfère dans son jus et sans les manières et les 40 traitements industriels de nos horlogers prétentieux. Aussi je trouve intéressant que les mélodies et les batteries restent audibles et simple à digérer malgré une énergie terrassante. L’album est donc à la fois pointu mais accessible. Je te le recommande fort.
– Bien reçu camarade. Tu parlais de tournée, ils viennent d’en finir un bout entre l’Allemagne, la Suisse et la France, une dizaine de dates rapprochées qui finissaient à Bordeaux. On pourra les retrouver le 7 juin à la Dynamo de Zürich, le 13 à Festi’neuch, le 20 à Kriens puis en août à Eggesriet et Bremgarten.
– Affirmatif. Je te laisse avec le morceau « Reflections ». Il me permet de te faire écouter l’utilisation des « power chords » ou « accord de puissances » en français. Allégrement utilisé par le groupe et plus qu’élémentaires dans le rock, ces accords sont caractérisés de pauvres puisqu’uniquement composés que deux notes. Ils sont séparés de 5 tons soit une quinte qu’on pourrait aussi appeler gamme diatonique. Ces fameux accords est une technique qui permet de jouer davantage sur la force plutôt que sur le timbre comme son nom l’indique. Et pourquoi le rock en est-il particulièrement friand ? Cela tient au fait qu’il permet de pousser les potards à fond, en laissant sonner sa gratte, avec tous ses effets amplifiés. Ça te fait dresser les poils et saisit directement l’auditoire. Pour peu qu’on ait du bon matos ça peut être jouissif. Lorsque deux guitares les jouent ensemble, à différentes tonalités, ça peut donner de superbes accords plus riches autant mineurs que majeurs tout en gardant la puissance originelle. Une recherche entre harmonie ou dissonance, avec une garantie de projection particulièrement chérie depuis l’invention de la guitare électrique. Balance le son !
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Animation : Emma
Chronique : Romain
Réal : Noé
Première diffusion : 06 mai 2025
Crédits photos podcast : Nikita Thévoz
Crédit photo background :Patrick Princepe
Publié le 11 mai 2025
Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast
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