menu Home search
CultureExposLa Quotidienne

« Leaving the Island »: de l’eau et de l’art chez HiFlow

Michaël Rolli | 11 février 2025

Ça y est, on est en février et je peux enfin dire que je commence mes bonnes résolutions de l’année.

Qui a dit que les bonnes résolutions devaient commencer directement le premier janvier ? Sincèrement, tant qu’on la commence un jour, je crois que c’est le principal, non ? Alors, depuis le 28 janvier, je me suis mis à l’eau !

Bon pas complètement à l’eau… je vais plutôt voir des expositions qui ont pour thématique « l’eau ».

Cette exposition, c’est « Leaving the Island » – quitter l’île pour celles et ceux qui ont fait espagnol – et ça se passe dans l’espace de co-working HiFlow. Depuis le début de cette année, iels proposent un cycle de rencontres et de conférences données par des chercheureuses, des activistes et des artistes sur la thématique de l’eau. C’est dans ce cadre que la curatrice et historienne de l’art Marie Maertens orchestre la dernière exposition collective. Alors bon, on va se l’avouer, sujet pas évident, mais elle a pris le risque et s’est mouillée pour collaborer avec plusieurs galeries et artistes contemporains. Du coup, moi, j’ai sorti mon maillot le plus chic et je suis allé voir cette exposition dont on ressort éclaboussés !

Bon quel est le parti pris ?

Eh bien, justement, si avec ce sujet, on a un océan d’images qui vient à l’esprit, pour l’expo, c’est à la fois une source de fascination, mais aussi un élément dangereux : la représentation d’une traversée périlleuse. Alors bon, je ne sais pas comment j’aurai représenté l’eau, parce que j’étais franchement mauvais en art, mais c’est vrai que le sujet n’est pas anodin dans l’histoire de l’art. Et ce qui est frappant, c’est que cet élément n’est jamais représenté pour lui seul, c’est toujours son évocation qu’on montre, en gros ce qui l’entoure : par exemple, Rembrandt pour en parler, montre un bateau qui chavire, Hockney la représente dans ses piscines avec quelque chose d’hyper sensuel. Ici, c’est pareil. Marie Maertens choisi des œuvres d’artistes internationaux qui soulignent justement l’eau et son caractère.

La visite se fait sur trois axes :

On commence avec un diptyque vidéo dans lequel deux artistes filment chacun la mer depuis deux rives opposées de la Méditerranée : d’un côté Alix Boilot en Sicile et de l’autre Ismaïl Bahri en Tunisie. Le résultat : deux images qui semblent identiques et qui racontent pourtant deux réalités bien différentes : pour l’une, c’est un horizon de vacances, pour l’autre, c’est une fuite vers un monde meilleur. Et cette idée est le point de départ de l’exposition : la question du déplacement et de la projection dans l’horizon. On la retrouve aussi dans l’œuvre de l’artiste malgache Malala Andrialavidrazana qui, par le biais de la photographie et des cartographies historiques, questionne les frontières, l’identité et le déplacement des populations.

Les autres axes gardent ce discours comme un fil rouge.

Dans le deuxième axe, on comprend l’eau comme un sujet de fantasme. Et pour ça rien de mieux que l’image de l’île. Dans l’expo, c’est à la fois un sujet de rêveries, mais aussi une représentation d’un monde dangereux, inconnu, un peu à la façon de Crusoé, abandonné au milieu de nulle part. Ici, c’est le dessin « Solaris » du Genevois Marc Bauer qui ouvre la voie. Un dessin assez sombre qui montre une île, avec au milieu une seule maison complètement isolée… alors est-ce un rêve ou plutôt un cauchemar ? Franchement, je n’ai jamais bien compris ce concept de partir vivre sur une île, loin de toute civilisation… perso, je ne tiendrais pas une semaine. En tout cas, l’île, c’est aussi la complète opposition à l’eau : la matière versus le liquide. Alors, Marie Maertens a aussi fait le choix de montrer cette opposition : par exemple avec l’œuvre de Brice Guilbert, où l’archipel est le résultat d’empâtement d’huile sur du bois, mais on passe aussi à côté de sculptures et d’installations de verre de Catherine Bole ou de sel d’Alix Boilot. Pour moi, c’est surtout l’impressionnant « Sun Set Down » de Latifa Echakhch qui m’a marqué. Imagine, c’est la fresque d’un paysage avec un soleil couchant réalisé sur du béton. Ensuite l’artiste l’a volontairement détériorée, en cassant des morceaux, faisant du paysage une ruine. Ainsi, il disparaît peu à peu, plongeant le monde paradisiaque dans un univers complètement bétonné.

Et on termine sur une note plus… positive.

On reste sur le concept de matière, mais cette fois, on revient à quelque chose de plus liquide. Dans les dernières œuvres, l’eau est pensée comme un fluide, quelque chose de très humain, faisant donc référence parfois au sang, puis aux larmes et même à l’orgasme. L’expo est donc aussi l’occasion d’aborder l’eau comme ce qui est changeant, fluctuant, qui représente aussi les liens sociaux et le mélange des genres dans une dimension assez queer. Mais il y a aussi une dimension plus spirituelle, et par moment même surréaliste, avec les peintures de l’artiste Lian Zhang qui rappellent incontestablement les travaux de Magritte.

Art contemporain et eau forment le parfait mélange pour une bonne résolution.

Je suis sorti de cette expo hydraté et inspiré ! Alors jusqu’au 11 avril à Plan-les-Ouates, dans les locaux de HiFlow, l’exposition « Leaving the Island » nous remet à l’eau ! Et qui a dit que cette boisson ne pouvait pas être créatrice de liens. Plus besoin de ponts, ce cycle de rencontres nous offre l’espace de découvrir, un instant, ce qui s’évapore tous les jours un peu plus.
_
Chronique : Michaël
Animation : Emma
Réalisation : Laure et Sébastien
Crédits images : Jonathan Imhof
Première diffusion antenne : 5 février 2025
Publié le 11 février 2025

Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast

Une publication de Michaël Rolli


Envie de soutenir un média gratuit,
indépendant et local ?

Rejoins Vostok+


Commentaires

Pas encore de commentaire pour cet article.

Commenter




play_arrow thumb_up thumb_down
hd