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CinemaÉcransLa Quotidienne

Bienvenue sur la Planète B

Radio Vostok | 27 janvier 2025

Un film de science-fiction français ? Je dis oui. C’est assez rare pour le noter, sautons sur l’occasion. En plus, le casting est alléchant : Adèle Exarchopoulos et Souheila Yacoub, une actrice genevoise s’il-vous-plaît!

Grenoble en 2039, dans un monde dystopique et autoritaire, des activistes du climat font exploser une antenne 6G et l’entrepôt d’une compagnie pétrolière. Ils dégomment des drones de surveillance au lance-pierre hi-tech. Pourchassé·es pour terrorisme, les militants et militantes sont arrêté·es par la police et disparaissent sans laisser de trace.
L’une d’entre eux, Julia, se réveille avec le reste de ses comparses dans une prison virtuelle où son esprit sera bientôt soumis à des tortures psychologiques. Bienvenue sur Planète B.

Imagine ton pire souvenir, le plus douloureux, traumatisant, celui qui te hante, qui te fait suffoquer. Non imagine pas en fait, quelle horreur ! Cet événement-là est revécu chaque nuit en cauchemar, en 3D type spectacle son et lumières, odeur, sang, comme si tu y étais. Trop bien non ?
Et le jour, tu erres dans cette prison sans plus rien savoir du monde réel : si tes proches sont au courant de ton arrestation, si le reste des potes est à ta recherche, si tu auras le droit à un procès ou même si tu resteras ici éternellement.
Pendant ce temps, retour dans le monde réel, à Grenoble. Nous suivons Nour, migrante irakienne et ancienne journaliste devenue agente de propreté dans une mystérieuse base militaire. Sous la menace d’une expulsion de France et dans sa quête de visa, elle va voler un casque de réalité virtuelle sur son lieu de travail qui va lui permettre d’entrer et de sortir de Planète B.
Visuellement c’est 2 salles 2 ambiances : Vous avez d’un côté cette prison virtuelle. Elle prend place dans une sorte d’hôtel de plage très lambda, avec décoration combo bois et osier et objets pseudo exotiques. Vous y seriez en vacances, vous vous diriez : « c’est pas dingue mais ça va le faire pour une semaine ». C’est ensoleillé et on est au bord de la mer. Dans le cas de nos prisonnier·ères, ils et elles sont empêché·es de sortir du périmètre par des barrières invisibles. C’est peut-être ça finalement la pire des tortures, être coincé éternellement dans un camp de vacances avec une bordée de transats et des parasols jaunis identiques autour d’une piscine.
De l’autre côté, cette France autoritaire, couvre-feu de 21h à 6h, barricades anti-émeutes dans les rues et dizaines de drones qui sillonnent le ciel pour vous traquer, tout n’y est que béton, grisaille et réseaux de débrouille de bric et de broc.
Vous l’aurez deviné, la réalisatrice nous pose une question politique : que se passerait-il si la réalité virtuelle était utilisée comme outil carcéral ? Et c’est une riche idée considérant à quel point les usages de la technologie dépassent rapidement les cadres législatifs.
Petit clin d’œil également aux yeux crevés par les flashballs durant la période des Gilets Jaunes.

L’idée maîtresse de ce film vient du sens qu’il confère à son propre titre: à l’origine, la formulation « il n’y a pas de planète B » est utilisée par les militants et militantes du climat en référence à l’expression « avoir un plan B ». En ce qui nous concerne, pas de nouvelle Terre à squatter quand la nôtre ne sera plus vivable. En revanche, pour la réalisatrice, planète B fait référence à ce monde virtuel qui n’est pas dans les étoiles mais que nous avons nous-mêmes créés, ici sur Terre. Ça nous renvoie à la nécessité de questionner ses espaces qui échappent aux lois et aux processus démocratiques tout en ayant des conséquences incontestables sur le monde réel. Un film qui nous interroge sur le risque d’une utilisation arbitraire et unilatéralement décidée.

Le gros problème c’est le rythme… C’est long comme un dîner de Noël assise entre tonton facho et tata on-ne-peut-plus-rien-
dire… ça aurait gagné à être un poil plus court, je pense à certaines séquences sur planète B où les captifs et captives deviennent zinzins et s’en prennent les uns aux autres. Des passages qui n’ajoutent rien à l’intrigue mais répètent plutôt ce qu’on a déjà compris.
Mais je tiens à mettre en lumière l’audace et les idées, freinées par des moyens limités. Et surtout, on en veut plus des productions françaises de science-fiction ! Encourageons les studios à faire autre chose que des comédies plus vraiment drôles avec les 4 mêmes comédien·nes plus vraiment bon·nes et des scénarios tirés dans un chapeau. Choisissons de
conter des récits par la science-fiction, qui nous permet de faire un pas de côté pour parler de notre époque.
C’est plutôt une bonne résolution pour la nouvelle année non ?


Chronique : Sophie
Animation : Emma
Réalisation : Laure et Lyès
Première diffusion antenne : 8 janvier 2025
Crédits photos : Le Pacte
Mise en ligne : Emilie
Publié le 27 janvier 2025
Modifié le 30 janvier 2025

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