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CinemaÉcransLa Quotidienne

Parthenope, un film à la beauté creuse

Johan | 17 mars 2025

Ce soir je vous emmène dans un endroit que vous connaissez un peu, un endroit ou soleil, apéritivo et camorra cohabitent au bord de la mer , cet endroit vous l’avez peut être reconnu, c’est Napoli. Et ce qui nous amène dans cette ville c’est le dernier film de Paolo Sorrentino : Parthenope. Paolo Sorrentino c’est le réalisateur italien qui a sa carte de fidélité au festival de Cannes. Comme vous savez, chaque pays a son représentant toujours présent à Cannes peu importe la qualité de son film : la Belgique c’est les frères Dardenne, l’Espagne c’est Almodovar, le Royaume-Uni c’est Ken Loach, et donc l’Italie c’est Sorrentino. Et aussi Nanni Moretti j’avoue. Sorrentino donc c’est la Grande Bellezza, Youth ou encore la série avec Jude Law : the Young pope. En résumé un cinéma très esthétique, traitant souvent de la jeunesse, de la beauté, et donc … du temps qui passe. Son nouveau film c’est Parthenope, nom un peu mystérieux comme ça non? Parthenope est l’éponyme antique de la ville de Naples. Je laisse passer un petit blanc sur le mot éponyme que l’on connait bien en musique pour l’expression album éponyme quand le nom d’un album est celui du groupe ou du chanteur. Comme par exemple l’album the Beatles par … the Beatles . Et cela fonctionne aussi pour les villes : Athena est l’éponyme de la ville d’Athènes (elle a donné son nom à cette ville). Bref nommer ce film Parthenope, – est une façon cultivée de faire référence à Naples – ville de naissance et de coeur de Sorrentino. Vous voyez ou je veux en venir, Parthenope est donc un film hommage à cette belle ville de Napoli. Je crois qu’il s’est dit – petit kif – j’ai envie de parler de Naples, recherche google, boum il tombe sur Parthenope. Il apprend que c’est à la base une sirène dans la mythologie grecque- c’est celle qui veut choper Ulysse si vous vous souvenez bien. Il apprend aussi que la traduction en latin signifie : qui a l’aspect d’une jeune fille. Et là bingo tout s’enchaine dans la tête de Paolo, Naples, jeune fille très belle, une jeunesse éclatante puis le temps qui passe et qui abime. Boum ça lui parle, Cannes va adorer c’est sûr. Bon sans les sarcasmes ça donne quoi : l’histoire d’une jeune fille d’une beauté assourdissante dont on va suivre le parcours depuis les années 60 jusqu’à aujourd’hui et ce dans un Naples un peu hors sol aristocratique et luxueux.
On n’est clairement pas dans Gomorra. On passe de palaces chics à des palais d’une élégante déshérence, de fêtes de la jeunesse dorée aux bas-fonds de la ville (mais bon très rapidement). On rencontre les personnages les plus extravagants qui soit : une ancienne actrice dont le visage est éternellement voilé, un prêtre séducteur, un richissime homme d’affaires toujours en hélico ou encore John Cheever le romancier américain, et j’en passe et des meilleurs.
Ce qui est bien c’est que la forme est alignée avec le fond : c’est baroque et un peu foufou dirons-nous. Un des modèles de Sorrentino est Fellini et on ressent cette influence : Des plans très graphiques et éclatants, grâce notamment à la magnifique baie de Naples, à des églises ou des lieux extraordinaires, des personnages extrêmement beaux ou au contraire au physique très particulier, un scénario qui se moque des convenances et qui avance au gré des caprices de son réalisateur. Bref Paolo Sorrentino n’aime pas la normalité et ça part un peu dans tous les sens. Cela a ses vertus : il y a parfois des fulgurances esthétiques ou poétiques, des scènes qui touchent, mais la plupart du temps on se demande ce que l’on regarde. On peut trouver cela vain un peu comme une architecture rococo qui se veut exceptionnelle mais qui révèle surtout la vanité de son auteur. D’autant plus que le film se veut philosophique avec un pseudo questionnement sur la beauté et les pouvoirs qu’elle apporte. Ou encore sur le temps qui détruit … mais soit c’est trop abscons soit c’est complétement creux, dans tous les cas je trouve que ça ne marche pas.

L’idée du réalisateur est probablement de parler de Naples grâce à la galerie de portraits et à des phrases un peu faciles et péremptoires de type : il y a une place pour chaque chose à Naples. De mon côté, je ne suis jamais allé à Naples et je n’ai toujours aucune vraie idée de la pulsation, de l’atmosphère ou de l’histoire de la ville après le film. Il doit y avoir une tonne de références pour ceux qui connaissent déjà Naples ; mais perso j’avais pas lu le guide du routard avant le film donc ça n’a pas fait tilt.. Et puis, il y a une certaine réification de la femme qui peut être problématique.
L’actrice principale – Celeste Dalla Porta – très bien – est de tous les plans ; jusqu’ici tout va bien. Mais son corps souvent très peu vêtu est également filmé sur tous les plans possibles. Même si le réalisateur fait de Parthenope une intellectuelle – elle devient anthropologue dans le film. Elle n’est souvent définie par les hommes que pour sa beauté et sa plastique. Or le réalisateur ne semble pas du tout critiqué cela, au contraire il renforce ce point de vue par sa mise en scène ou les plans choisi s’arrêtent longuement sur différentes parties de son corps – avec autour des hommes concupiscents. Mais semble dire le réalisateur comment leur en vouloir devant tant de beauté ? Ça m’a rappelé une phrase d’il était une fois dans l’ouest dans laquelle il est dit à Claudia Cardinale : extrait 1. Voilà ça représente bien le film de Sorrentino, une vision très masculine de la beauté, centrée sur le bonheur des hommes. C’est un point de vue, certes, mais qui embarque le film dans une pensée datée et obsolète.

Malgré quelques fulgurances esthétiques et poétiques, Parthenope, est un film qui se veut malin mais qui ne traite finalement aucun de ses sujets. On fait de belles images ou plutôt des images qui se veulent marquantes, on enrobe cela avec des références antiques, on pose quelques phrases philosophiques et on espère que le tout va faire un film inspirant et mystérieux. Or malgré la grandeur de Naples, Parthenope tombe malheureusement à plat.

Chronique : Johan
Animation : Emma
Réalisation : Theo, Léo et Lyes
Première diffusion antenne : 13 mars 2025
Crédits photo : Gianni Fiorito
Publié le 17 mars 2025

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