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CultureExposLa Quotidienne

Musée Barbier-Mueller : Faire corps avec les esprits

Louise | 6 novembre 2025

Collection Barbier-Mueller. Pleasing the Spirits.

Curation, Séverine Fromaigeat et Paul Maheke.

Si tu entends des chuchotements en visitant un musée… pas de panique. C’est juste les présences du Musée Barbier-Mueller qui te souhaitent la bienvenue.

Si Halloween ne t’a pas suffi le 31 octobre, voici la suite parfaite : Pleasing the Spirits. Une exposition qui prolonge la fête… sans citrouilles ! Ici, les bonbons, ce sont les couleurs : rose, bleu, vert… Une scénographie pop qui fait vibrer les artefacts. Des lances, tabourets… venus d’Afrique, d’Océanie, d’Asie… Des pièces transmises de génération en génération, qui semblent soudain reprendre vie. Après avoir grimpé la vieille ville de Genève, on se retrouve essoufflé·e, mais prêt·e pour un rituel un peu particulier.

Tout est parti d’une rencontre entre Séverine Fromaigeat, la directrice, et Paul Maheke, artiste performeur. Paul explore la mémoire et ce qui échappe au regard. Dans sa famille, on le considère même comme la réincarnation de sa grand-mère… Autant dire qu’il sait comment cohabiter avec l’invisible.

On entre dans cette danse en mouvement. On se déplace avec les œuvres, traversant un défilé silencieux de tabourets de cheffes, une forêt de lances, une volière d’oiseaux… Chaque salle devient un chapitre. On avance comme dans un rite initiatique. Tous deux se sont plongés dans les réserves du musée, là où reposent des milliers de trésors.

Dans ces réserves, Paul raconte qu’il a ressenti la présence de celles et ceux pour qui ces objets avaient été créés. Devant un appuie-nuque du Congo, il percevait presque le poids d’un corps endormi, encore inscrit dans le bois.

Curieusement, beaucoup d’artefacts se présentent par deux : têtes sculptées à double visage, comme si leur énergie ne se manifestait jamais seule. Il y a même une effigie Janus, deux faces dos à dos, illuminée par des faisceaux de lumière. Elle semble hésiter entre l’aube et le crépuscule.

Rassurez-vous, on ne repart pas avec de malédictions. Une statuette protectrice nous accueille dès la première salle.

Mais il y a aussi des histoires plus piquantes. Le Zoomorphe : un chien à deux têtes, sculpté dans le bois et couvert de clous. Il s’appelle Kozo, un nkisi du peuple Kongo. Activé par le nganga, ce médiateur entre le monde des vivants et des ancêtres protège le village. Chaque clou, chaque remède glissé dans ses creux est un pacte contre les mauvaises énergies. Quand on le voit, on se rappelle qu’il veille sur nous.

Et là, entre deux salles, on se fait littéralement scruter par une armée de masques. On peut presque sentir leur regard, et certains semblent même sourire. Parmi eux, le Laké, démon-gardien népalais, danse pour chasser les forces malveillantes lors de la fête Indra Jatra, quand la mousson s’achève. Même derrière la vitrine, on perçoit encore son souffle.

En quittant le musée Barbier-Mueller, on se demande encore… qui observe qui ? Nous, les visiteur·se… ou les œuvres elles-mêmes ? Mystère.

Photo ©DylanPerrenoud
Photo ©Kim Chanel

Chronique : Louise Herbert
Animation : Lionel
Réalisation : Noé Thévenoz
Première diffusion antenne : 04 novembre 2025
Publié le 06 novembre 2025

Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast

Une publication de Louise


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