Intraçables, un thriller romand plus appliqué qu’inspiré
Je jure que je ne suis pas sponsorisée par le GIFF et que c’est la dernière fois que vous m’entendez parler de ce festival avant l’année prochaine. Mais je ne pouvais pas laisser passer cette série, puisqu’il s’agit d’une création franco-suisse tournée dans nos contrées romandes. Je vous parle bien sûr d’Intraçables, dont vous avez certainement aperçu la pub à la gare.
Six épisodes, un ton très polar, des drames familiaux, des cybercriminels et de la neige. Cette coproduction d’AKKA Films, Empreinte digitale, TF1 et la RTS, prend vite la forme d’une course-poursuite intercantonale.
Giulia perd tragiquement son mari David lors d’une explosion pendant un mariage en Valais. Sept ans plus tard, la voilà taxi à Genève, seule avec Achille, son fils de 17 ans. Un jour, elle reconnait le visage d’un client: il était présent le soir du drame. En cherchant à le retrouver, elle attire l’attention de Jezebel, un mystérieux pirate informatique, qui se met à la menacer. Il prend possession de son téléphone, de sa voiture et même des éclairages publics.
Giulia se lance dans une mission de démasquage qui éveille les soupçons de la police sur elle. Mais Jo, une enquêtrice fraîchement retraitée, décide de s’en mêler pour mener des recherches parallèles.
Intraçables coche toutes les cases du thriller contemporain: de la tension, du suspense, des fausses pistes et bien sûr, des flics.
Mais justement, j’ai trouvé ça trop scolaire. Les dialogues sonnent mécaniques, manquent de naturel et sombrent dans la répétition. Achille doit dire au moins une dizaine de fois à sa mère qu’elle est « chiante ». Ça va Achille, on a compris que vous étiez en conflit.
Et puis, on retombe vite dans les clichés. L’héroïne traumatisée qui se mure dans le silence ou encore les hackers façon super-vilains, capables de bloquer toute une ville en un clic depuis leur petit bunker.
Je ne dis pas que c’est impossible, mais disons que c’est un peu gros, et surtout, déjà vu.
Le cyberdrame forge notre quotidien dans absolument tous les médias de la planète. Et comme le domaine évolue extrêmement vite, la série parait déjà datée.
On tire de grosses ficelles scénaristiques dont la crédibilité peine à convaincre. Pas de grosses surprises, j’ai même vu le plot twist arriver d’assez loin.
C’est dommage, l’ensemble est plutôt réussi en termes d’images. On suit la jeep rouge de Giulia à travers de beaux paysages, et on a même droit à quelques scènes impressionnantes. Par exemple, lorsqu’un appartement des tours du Lignon explose. Là, j’avoue, ça m’a fait bizarre.
Pourtant, il y a tout quelques noms connus au sein du casting. Irène Jacob, tout d’abord, notre star franco-suisse. La commissaire réac’ qui ne comprend rien à l’informatique et refuse de lâcher son job pour profiter d’une retraite bien méritée. Malgré un rôle poncif, loin de magnifier son avéré talent, elle reste classe et juste. La comédienne réussit à apporter de la profondeur à un personnage qui, sur le papier, est difficile à faire briller.
Sans oublier l’actrice principale de cette fiction, Sofia Essaïdi. Si son nom vous évoque un lointain souvenir, c’est normal. Elle était candidate de la Star Academy en 2003. Comme quoi, les chorégraphies de Kamel Ouali mènent parfois quelque part…
Elle campe une femme intelligente et déterminée, pas très persuasive au début, mais qui gagne en charisme au fil des épisodes.
Ce que je retiens de cette création, c’est la place donnée aux personnages féminins forts, occupant des métiers encore peu associés aux femmes dans l’imaginaire collectif.
À l’inverse, le rôle du mari tué, David, interprété par Alexis Michalik, est d’une fadeur qui laisse perplexe. On sent qu’il devait incarner le mystère, mais il finit juste par flotter dans le scénario.
Cependant, il faut reconnaître que la RTS ose de plus en plus les coproductions internationales et les genres variés.
Intraçables reste très bien produit et prouve qu’on peut raconter autre chose que des histoires contemplatives d’alpage. On est sur un bon divertissement du dimanche soir.
Ce n’est pas la série la plus originale de l’année, mais elle aura au moins réussi une chose: faire croire qu’il y a de l’action en Romandie. Et rien que pour ça, je dis bravo.
Donc si je devais noter le carnet d’élève de la RTS, j’écrirais:
«Bel esprit d’initiative, efforts remarqués, ensemble prometteur… mais peut mieux faire.»
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Chronique : Judith
Animation : Lionel
Réalisation : Noé
Crédit photos : AKKA Films, Empreintes digitales
Première diffusion antenne : 11 novembre 2025
Publié le 16 novembre 2025
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