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CinemaÉcransLa Quotidienne

Entre expérience mystique et polar rural : Reedland

Johan | 24 novembre 2025

Lionel à l’affiche ce soir un film original naviguant entre récit classique, expérience mystique flirtant avec l’art contemporain et documentaire paysan. Tout un programme n’est-ce pas ? Ce film c’est Reedland ou Rietland du cinéaste hollandais Sven Bresser. Reedland est son premier long métrage et il a d’ailleurs reçu une certaine reconnaissance puisqu’il a été sélectionné à la semaine de la critique à Cannes. Le pitch du film semble placé Reedland dans les marqueurs d’un film policier : Johan, un vieux fermier hollandais solitaire, découvre le corps sans vie d’une jeune fille sur ses terres. Bouleversé, il se lance à la recherche de la vérité dans un quotidien rythmé par la vie des champs et la garde de sa petite fille.
La bande annonce est ainsi faite que l’on pourrait penser être en face d’un polar nordique : un endroit reculé, une jeune fille assassinée, des paysans mutiques. Bon c’est pas vraiment ça. SI vous espérez un film policier avec enquête et résolution vous allez être déçu. Il s’agit plutôt d’un film hybride mêlant différentes influences. On va essayer de les recenser ici

Alors Top 3 des influences de Reedland : Jingle Lionel s’il te plait :

Le film malaisant type Twin Peaks ou True détective saison 1. Le mal enfoui dans la société ou la nature sauvage, comme un virus circulant, rampant, caché derrière nos convenances. Le film se déroule ainsi dans une campagne reculée (alors petit tip : on sait que c’est reculé lorsque ‘on voit plus de tracteurs que de voitures fin de la parenthèse) ; les paysans du coin cultivent des champs de roseaux, c’est en Hollande, on a donc des paysages très plats, très rectilignes entre cultures et cours d’eau. Le réalisateur se plait à filmer cette nature en y ajoutant une bande son faite de bruits blancs dérangeants. Le tout donne une atmosphère mystérieuse voire malaisante, renforcée par des scènes avec une esthétique très forte comme ces feux de broussaille la nuit donnant un côté presque hypnotique au film.


Jingle Lionel 2ème influence : le film documentaire social : le vieux Johan et sa famille sont cultivateurs de roseaux depuis plusieurs générations. Tout le monde aux alentours semble vivre de la même culture. Alors on entre un peu dans la vie de Johan et on a droit à plusieurs scènes de fauchage, de discussion sur le cours du roseau ou sur la concurrence chinoise. C’est certes intéressant sociologiquement mais ce n’était peut-être pas indispensable au film en dehors du fait que tout le village semble terriblement fataliste tant face au meurtre que face à un certain déclin économique.

3ème et dernière influence (Lionel je te fais grâce du jingle) : le film policier. Comme je le disais tout à l’heure, Reedland utilise quelques codes du thriller : une jeune fille retrouvée morte, un suspect idéal, un héros qui se trouve une âme de détective, des rednecks un peu flippants. Donc il y a une intrigue, il y a une atmosphère un peu poisseuse mais clairement ce n’est pas ce qui intéresse le plus le réalisateur.

Je ne vais pas te mentir Lionel pour certains le film peut décontenancer. Peu de dialogues, quasiment pas de rebondissements, des plans contemplatifs sur des roseaux, ce n’est pas forcément facile d’accès. Mais je dois avouer que de mon côté je ne m’y suis pas ennuyé, bien au contraire. Malgré un rythme relativement lent, le film a totalement capté mon attention. Les informations distillées peu à peu par le film sur Johan, sa famille, cette communauté, on pourrait presque parler d’indices, maintiennent un intérêt constant.

Par ailleurs, Reedland arrive à créer une atmosphère bien particulière avec des scènes esthétiquement très réussies ou émotionnellement très fortes. Je parlais tout à l’heure des feux de broussaille au crépuscule mais je pourrais également citer une machine à laver qui devient subitement hors de contrôle ou une pluie progressivement torrentielle sur une voiture. Cela peut sembler peu mais la qualité de la mise en scène en font des moments marquants donnant au récit une tension fantastique voire maléfique.

Pour qui aime les expériences cinématographiques originales, hors des sentiers balisés, le film est à découvrir. Au carrefour de différents genres, Reedland s’en nourrit et les digère avec un talent certain. On va surement entendre parler de Sven Bresser ces prochaines années, alors soyez snob, ne loupez pas son premier film et vous pourrez dire dans quelques temps, « oui sa palme d’or est méritée mais quand même je garde une préférence pour son premier film : Reedland. Ah bon tu l’as pas vu ? Dommage »
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Animateur : Lionel
Chroniqueur : Johan
Réalisateurs : Alexis et Léo
Crédits Photos : Viking film
Date de publication : 24.11.2025

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Une publication de Johan


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