Disco Chiesa : La Jungle rencontre Spagguetta Orghasmmond
Il y a des groupes qu’on aime, et dont on attend désespérément un nouvel album. En ce qui me concerne, c’est le cas de La Jungle, que je suis depuis presque dix ans déjà – et oui, la musique ne nous rajeunit pas toujours.
Mais aujourd’hui, il n’est pas exactement question d’un nouvel album de La Jungle en solo. Car quoi de mieux qu’un disque du duo belge ? Un disque de La Jungle en collaboration avec un autre groupe. Le duo vient en effet de sortir Disco Chiesa, un album conçu avec une autre formation belge : Spagguetta Orghasmmond.
La Jungle est un duo de musique expérimentale mêlant techno et rock, composé de Rémy Venant à la batterie et de Mathieu Flasse à la guitare. Les deux compères ont cette capacité assez rare de vous faire passer du fond de la salle, la tête qui dodeline timidement, à la danse frénétique devant la scène, sans même que vous vous en rendiez compte. Leur formule, faite de boucles de guitare et de rythmes endiablés, est redoutablement accrocheuse.
Alors comment faire encore mieux ? En s’entourant de Barako Bahamas, Stephen O’Maltine et Tom Raznor de Spagguetta Orghasmmond. Une collaboration qui apporte énormément de richesse au projet : aux guitares et à la batterie s’ajoutent claviers, voix et basse, rendant l’ensemble encore plus dense, plus accrocheur, et peut-être aussi un peu plus accessible, moins niche.
Les paroles sont en italien, comme sur plusieurs titres de Spagguetta Orghasmmond, et c’est un choix que j’adore personnellement. Plus le temps passe, plus je trouve cette langue parfaitement adaptée à la musique. On en a d’ailleurs eu un bel exemple avec certains morceaux du groupe Toi Or lors de leur Vostok Session.
Même si mon italien est loin d’être irréprochable, il est surtout question ici de textes absurdes et décalés, qui accompagnent parfaitement la transe provoquée par les morceaux. Et c’est là que réside le véritable talent de ce projet : nous faire entrer corps et âme dans la musique.
Disco Chiesa se traduit littéralement par « l’église du disco ». Difficile de trouver titre plus approprié pour cette messe qui invite à la fête et à la danse. Enivrant, parfois psychédélique, l’album est majoritairement construit sur des montées en puissance, menant à des fins explosives et résolument dansantes.
On est aussi loin de la tendance actuelle des EP quatre titres. Disco Chiesa compte onze morceaux pour près d’une heure de musique : l’équivalent d’un concert entier condensé sur un seul disque. Une vraie preuve de générosité. Et pas question de se répéter : les compositions sont variées, tant dans l’orchestration que dans les rythmes, allant puiser ce qu’il y a de plus groovy et accrocheur aussi bien dans l’électro que dans le rock.
Tout est fait ici pour vous faire danser, vous donner la pêche, et ça aussi, j’y suis très sensible. Pas de larmoyance mélancolico-dramatique à la Tom Yorke : Disco Chiesa est là pour s’amuser, faire la fête, oublier ses tracas et combattre le blues hivernal. Un album taillé pour vous donner l’énergie nécessaire pour terminer cette année 2025.
Côté concerts, difficile de dire pour l’instant si ce projet prendra vie sur scène. Seules les dates de la tournée de La Jungle sont annoncées à ce stade. L’album étant sorti le 28 novembre dernier, il est sans doute encore un peu tôt, mais il y a fort à parier que des dates verront le jour à la rentrée.
Le morceau choisi pour illustrer cette chronique s’intitule Ali Buma Ye. Cette expression – que l’on peut traduire par « Ali défonce-le » – était scandée par les supporters de Mohammed Ali lors de son mythique combat de 1974 contre George Foreman. Un combat pour le titre de champion du monde qui s’est déroulé au Zaïre, actuelle République démocratique du Congo, et ancien Congo belge.
Le titre résonne alors comme une forme de rédemption : à l’époque, Ali avait déclaré de manière provocatrice « Je suis le meilleur, et Foreman est un Belge ». Rendre hommage au boxeur de légende à travers ce morceau est aussi une manière de rappeler, et de dénoncer, le passé colonialiste de la Belgique.
La Jungle, Spagguetta Orghasmmond : Disco Chiesa
–
Chronique : Adrien
Animation : Lionel
Réalisation : Paulo
Crédit photos : Mathieu Flasse / Warvin
Publié le : 13 décembre
Première diffusion antenne : 8 décembre
Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast

Commentaires
Pas encore de commentaire pour cet article.