Carouge fait son cinéma !
Carouge, c’est un peu un décor de cinéma à ciel ouvert avec ses ruelles colorées, ses terrasses animées : c’est une atmosphère bohème qui semble faite pour la caméra. Alors il fallait bien qu’un jour, le Musée de Carouge se plonge dans ce thème. Du 16 octobre au 21 décembre, l’exposition « Carouge s’aventure dans le cinéma » raconte comment la cité sarde est devenue un vrai personnage de film, entre pionniers et pionnières de l’image, cinéastes romands et cinéma d’animation. Pour nous en parler, Klara Tuszynski, collaboratrice scientifique du Musée de Carouge, est reçue par Lola au micro de Radio Vostok.
En cherchant une thématique pour monter une exposition, notre invitée raconte que le cinéma s’impose rapidement comme un choix évident, la présence du Cinéma Bio au centre de Carouge s’ajoutant à la dimension esthétique de la ville. En effectuant des recherches, cette intuition se trouve rapidement confirmée : dans les archives, un article écrit par un journaliste lors du tournage d’un film de Michel Soutter compare Carouge à Hollywood ! Klara Tuszynski raconte alors qu’en creusant davantage le sujet, elle a effectivement découvert qu’il y avait de très nombreux liens entre la ville et le cinéma. L’objectif de cette exposition est donc trouvé : mettre en lumière ces connexions entre Carouge et le septième art, tout en valorisant au niveau carougeois l’ensemble du cinéma suisse que notre invitée décrit comme « extrêmement riche et extrêmement varié ».
Des figures pionnières
L’exposition commence par la mise en valeur de plusieurs figures pionnières du cinéma. Elle présente Emmanuel Cottier (1858-1930) – horloger à la rue Saint Victor, qui a imaginé et animé des automates pour reproduire le mouvement à la manière du cinéma actuel – ou encore Casimir Sivan (1850-1916), premier inventeur d’une caméra en Suisse et habitant à Carouge.
Alice Guy (1873-1968) est aussi mise en lumière : considérée comme la première réalisatrice du monde, elle a passé son enfance à Carouge avant d’aller à Paris où elle est devenue la secrétaire de Gaumont. C’est alors avec lui qu’elle a assisté à la première séance du cinéma de l’histoire : la fameuse projection des Frères Lumière en 1895 ! Après cet évènement, elle propose à son patron de se lancer dans l’univers du cinéma et elle devient une réalisatrice importante. Réalisant un des premiers films de fiction (La Fée au choux, en 1896), Klara Tuszynski raconte qu’Alice Guy a pourtant longtemps été oubliée. L’exposition la met alors en avant en montrant des photos et certains de ses films.
Mais aussi des personnalité plus récentes
En plus de ces figures du début du cinéma, « Carouge s’aventure dans le cinéma » met aussi à l’honneur des cinéastes plus contemporains. On apprend alors à connaître le collectif « groupe 5 », formé dans les années 60 : ayant beaucoup travaillé avec la télévision, le groupe est décrit par Klara Tuszynski comme ayant « choisi de présenter le cinéma d’une nouvelle manière ». Et cela se sent lorsqu’ils utilisent Carouge comme décor : les réalisateurs décident de se concentrer sur les tours de Carouge, des constructions bétonnées et très modernes qui s’éloignent de l’image bohème de la ville généralement privilégiée pour les caméras.
Le projet du Musée consacre également une salle à Patricia Plattner, une réalisatrice genevoise ayant notamment créé le collectif carougeois des « Studios Lolos ». Notre invitée explique alors que, le cinéma de Patricia Plattner étant « très magique, très merveilleux de par les couleurs qu’elle développe », l’exposition a choisi de matérialiser cette identité artistique dans la salle dédiée à la réalisatrice. Ainsi, alors que les autres salles de l’exposition s’inscrivent dans l’ambiance intime et veloutée d’une salle de cinéma, cette salle-ci est « une explosion de couleurs ». Pour Klara Tuszynski, en plus de refléter l’œuvre de Patricia Plattner, « les couleurs primaires reflètent […] son goût pour le voyage et pour l’exotisme ». Finalement, on observe que l’exposition a décidé de ne pas se limiter quant aux genres de cinéma exposés puisque c’est aussi le cinéma d’animation qui est présenté avec le studio GDS, basé dans les tours de Carouge.
Mettre sur pied l’exposition
Pour mettre sur pied ce large projet traitant autant d’époques que de styles divers, c’est évidemment un travail considérable qui a été fourni par le Musée. Klara Tuszynski explique que c’est un travail de recherches, mais aussi de rencontres et que « c’est ça qui est toujours magique quand on prépare une exposition, c’est qu’on a la chance de rencontrer, de contacter beaucoup de personnes différentes, de spécialistes, de professionnels, … ». Un projet qui est donc le fruit de collaborations, entre individus mais également entre institutions puisque le Musée a établi un programme de projection avec le Cinéma Bio et qu’il a obtenu des prêts de divers établissements, notamment de la Cinémathèque, du Musée des Sciences et des archives d’État. Les sources sont alors diverses et variées et notre invitée souligne la présence de nombreuses archives visuelles pour cette exposition, que ce soit des cinéastes plus récents ou des pionniers et pionnières que l’on a mentionnés.
Jusqu’au 21 décembre !
En une phrase, Klara Tuszynski résume le projet ainsi : « l’émotion du cinéma, l’émerveillement, la découverte que nous avons essayé de traduire en documents et en une ambiance générale ». Un émerveillement donc, particulièrement le bienvenu dans cette arrivée de l’hiver, à retrouver jusqu’au 21 décembre au Musée de Carouge ! Et pour plus d’information, tout se trouve sur le site internet de Carouge.
Invitée : Klara Tuszynski
Interview : Lola Gregori
Réalisateur : Léonard Blanc
Première diffusion antenne : 28.10.2025
Rédaction web : Clara Dietrich
Publié le 28 octobre 2025
Modifié le 9 novembre 2025 pour mise en une
Crédit photos :
Ernest Piccot, Photographie du Carouge-Cinéma, vers 1938
Archives de la Ville de Carouge, Fonds Piccot, ACC 5682
© Archives de la Ville de Carouge
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