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The Deal plonge au cœur des négociations diplomatiques

Judith | 2 octobre 2025

Série suisse plus discussions politiques, sur le papier, The Deal avait tout du parfait somnifère… Raté, je n’ai pas fermé l’œil. Impossible de lâcher. Je n’avais plus ressenti une telle adrénaline depuis le Silver Star à Europa-Park. Un grand huit version géopolitique qui te propulse dans les négociations sur le nucléaire, avec des trahisons et des coups de bluff à chaque looping. Sauf qu’à la fin d’un manège, tu pars en te marrant… alors qu’ici, c’est potentiellement le monde qui explose.
Sorti mi-août, pendant que la plupart lézardait sur une plage ensoleillée, ce thriller politique est un peu passé sous les radars, malgré un prix à Serie Mania et une projection à Locarno. Et c’est bien dommage.
Avec The Deal, Jean-Stéphane Bron signe une série co-produite par la RTS et Arte, qui retrace les pourparlers nucléaires historiques de 2015 entre les Etats-Unis et l’Iran. Autour de la table figuraient aussi la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et l’Union européenne. L’accord visait à encadrer les activités de l’Iran dans le domaine nucléaire, en échange d’une levée progressive des sanctions internationales sur le pays. Ce fameux deal avait fait la une de la presse internationale et la fierté de la Suisse, car c’est bien chez nous qu’il s’est conclu.
Spoiler alert : il a depuis volé en éclats, Donald Trump étant passé par là.
On connait surtout Jean-Stéphane Bron pour ses documentaires, comme L’expérience Blocher ou Cleveland contre Wall Street.
Il expérimente ici une fiction, sans pour autant abandonner son attachement à l’exactitude des faits. L’intrigue est romancée et les personnages sont fictifs, mais l’ambiance s’inspire d’événements authentiques. Notamment les cyberattaques qui ont réellement frappé les hôtels des délégations en piratant leurs caméras de sécurité.
Mais Jean-Stéphane Bron ne s’est pas contenté d’écrire ce projet seul. Il a réuni une équipe de cinq scénaristes, un chiffre exceptionnel pour une production suisse. Ensemble, ils ont travaillé pendant sept ans – rien que ça – pour peaufiner une intrigue millimétrée.
Résultat : on y croit à 100%. The Deal nous plonge dans un univers derrière des portes closes, fait d’hôtels feutrés, avec moquette épaisse, papiers peints chargés et abat-jours beiges. Et c’est fascinant. Entre chantage et jeux de pouvoir, chaque échange de regard est scruté. On découvre la Suisse en cheffe d’orchestre méticuleuse, qui offre un cadre discret dans lequel se jouent les tensions du monde. Dans ces couloirs silencieux et ces salons privés, l’Histoire avec un grand H se joue… et parfois, dérape.
Dix milliards de dollars: c’est ce qu’on entend l’Iran demander aux États-Unis dans cet extrait pour poursuivre les discussions. Mais pour chaque personnage, c’est bien plus qui se joue. Le ministre iranien veut protéger sa fille engagée dans les révoltes, l’ingénieur cherche à fuir pour échapper à la peine de mort, la sous-secrétaire américaine doit gérer sa mère mourante à l’autre bout du monde. Tout ça sur le fond d’une histoire d’amour impossible entre Alexandra, cheffe de la mission diplomatique suisse, et Payam, l’ingénieur iranien. Elle pensait qu’il l’avait quittée alors qu’il s’était fait emprisonner… Oui, derrière les costards et les tailleurs, il y des petits cœurs qui battent.
En plus, tout le monde se met à prendre des risques insensés. Parce que le nucléaire, c’est pas déjà assez dangereux comme ça ?!! C’est un peu comme si chaque protagoniste avait un petit détonateur personnel dans sa poche. Le tout concentré en seulement six épisodes… C’est affreusement stressant.
The Deal est porté par un casting international impeccable et les rôles féminins sont extrêmement inspirants. Juliet Stevenson est royale en tant que représentante des États-Unis. Sans cesse rabaissée par ses comparses masculins, elle envoie des punchlines dont on se délecte au fil de ses apparitions. De son côté, Veerle Beatens incarne parfaitement une neutralité suisse qui se fissure peu à peu mais fait preuve d’une détermination impressionnantes.
Les hommes, eux, se font piéger par leurs vices. Certains, obnubilés par le foot, laissent filer un prisonnier, pendant que d’autres frôlent la catastrophe diplomatique pour une nuit de plaisir charnel. Mention spéciale au pire personnage: le gardien de la révolution Ali Katibi… qui crie tout le temps.
Et au milieu de ce chaos, notre soutien va tout entier à Payam Sanjabi, merveilleusement interprété par Arash Marandi. Ce pauvre ingénieur que son propre gouvernement et le Mossad veulent tuer parce qu’il a eu le malheur de… faire des études et de tomber amoureux.
C’était presque un sans faute, mais mon chauvinisme a été un peu titillé. Le rôle helvétique le plus marquant est tenu par… une Belge. On avait pas de comédienne suisse au chômage ?! Et l’hôtel censé être genevois… J’ai bien vu qu’il était à Lausanne…
Bon je pardonne, car ce n’est qu’un petit mensonge pour une grande série.
Au fond, The Deal est une ode à un monde disparu : celui de la diplomatie. Elle nous rappelle qu’une bonne discussion vaudra toujours mieux qu’une bombe… ou qu’un tweet hargneux.


Chronique : Judith
Animation : Lionel
Réalisation : Noé
Première diffusion antenne : 30 septembre 2025
Publié le 1er octobre 2025

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Une publication de Judith


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