Orphia électrise la scène genevoise avec Beau Discours
En ce retour des vacances de Pâques, lumière sur un artiste bien de chez nous : le Genevois Orphia, qui vient de sortir son nouvel EP Beau Discours, le 25 avril.
Pour celles et ceux qui ont manqué le vernissage à Bongo Joe, vous vous demandez peut-être : quel est le style d’Orphia ?
Eh bien, sa musique se distingue par des textures brutes, analogiques, souvent saturées, loin des standards de la pop. Ce son le rapproche du krautrock, ce courant de rock expérimental et psychédélique né en Allemagne à la fin des années 60. Ce genre, pionnier de l’ambient, du post-rock et de la new wave, trouve ici une résonance contemporaine.
Orphia prolonge cette philosophie de l’expérimentation sonore via des influences cold wave, EBM et techno underground européenne. Ces styles incarnent eux aussi, à leur manière, un héritage du krautrock. La boucle est donc bouclée.
Côté production, Orphia enregistre sur bande, pousse la saturation à l’extrême, capte des textures rugueuses et granuleuses. Les voix, noyées dans la distorsion, restent minimales, incisives.
Quant à son pseudonyme, aucune déclaration officielle n’existe, mais on peut y voir une référence à Orphée, symbole de la puissance émotionnelle de la musique. Un nom qui semble traduire une volonté d’utiliser la musique comme vecteur d’émotions profondes.
Avec Beau Discours, Orphia propose une œuvre sombre et organique, pensée autant pour l’introspection que pour le club. En équilibrant tension et nostalgie, il capte un sentiment d’urgence, propre à notre époque où l’analogique et le numérique s’entrelacent.
Il le dit lui-même : ce disque ne cherche pas la clarté, mais l’impact — entre froideur synthétique et fièvre du dancefloor.
L’EP plonge résolument dans un univers homogène, parfois jusqu’au paradoxe. En effet, les six morceaux s’appuient sur une même formule. Pour les novices, cela peut sembler répétitif. Mais pour les amateurs du genre, l’efficacité et la cohérence de l’ensemble rendent l’EP addictif.
Mention spéciale pour les petits sons qui surgissent ici et là, enrichissant subtilement chaque morceau.
Un point noir cependant : le traitement de la voix. Par ce qui semble être un choix artistique, Orphia noie ses paroles sous les textures sonores. C’est frustrant, car sa voix colle au style et semble porteuse de textes bien écrits. Ce parti pris enlève malheureusement un point d’accroche possible pour les auditeurs les plus sceptiques.
Mais rappelons qu’Orphia n’en est qu’à son troisième EP, et qu’il est encore en pleine exploration. L’important, c’est que sa proposition actuelle fonctionne déjà très bien. Avec un tel potentiel, son évolution s’annonce passionnante.
Un Beau Discours donc, à écouter… sans se retourner.
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Chronique : Adrien
Animation : Emma
Réalisation : Laure
Première diffusion antenne : 05 mai 2025
Crédit pochette : Audrane Repond
Publié le 13 mai 2025
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