menu Home search
CultureLa QuotidienneThéâtre

Une journée particulière, une amitié anti-fasciste

Martin | 13 octobre 2023

Et maintenant je donne la parole à Martin, notre chroniqueur culturel, créateur du blog « la nuit sera mots », qui va nous parler de la pièce « une journée particulière » qui est jouée en ce moment sur les planches du Théâtre de Carouge.
Merci Emma ! « Une journée particulière » est une pièce de Lilo Baur, adaptée du film du même nom du réalisateur Ettore Scola. Il a d’ailleurs gagné un Golden Globe pour le meilleur film étranger en 1978.
Mais revenons à la pièce. Je vous plante tout de suite le décor. Nous sommes à Rome le 6 mai 1938. Hitler est en visite pour saluer Mussolini, afin de célébrer l’entente politique et militaire de l’Allemagne et de l’Italie, deux nations superbement fascistes. C’est un jour glorieux et annonciateur de beaux jours, pour l’Europe et le reste du monde.
Le peuple entier est descendu dans la rue pour voir le défilé. Personne ne veut rater ce jour historique. Après tout, dans 20 ans, ils pourront tous fièrement dire qu’ils étaient là. Tous, sauf nos deux protagonistes.

Antonietta, femme au foyer, mère de 6 enfants, doit garder la maison. Il s’agit de s’assurer que la soupe soit chaude, la maison en ordre, et la lessive étendue quand sa famille rentrera.
Une fois le mari et les enfants partis, elle s’affaire. Mais soudain, le perroquet de la famille s’échappe, s’envole par la fenêtre et se pose sur la branche d’un arbre hors d’atteinte. Antonietta s’en va sonner chez le voisin, espérant pouvoir récupérer l’oiseau depuis sa fenêtre.
Le voisin s’appelle Gabriele. C’est un ancien chroniqueur sportif, récemment licencié à cause de son homosexualité, et récemment célibataire car cela s’est su. Il est au comble du désespoir. Il allait commettre un acte irréparable quand Antonietta sonne à sa porte. Et c’est le début d’une rencontre qui les changera à jamais.
Et comment cela se fait-il ?
Antonietta s’étonne de parler à un homme qui semble l’écouter et s’intéresser à ce qu’elle dit. Sous le régime, la femme n’est guère plus qu’un soutien logistique pour l’homme. Antonietta n’est pas instruite, son mari la trompe et l’abuse verbalement. Sa maison est aussi sa prison.
De son côté, Gabriele se sent reconnaissant envers cette inconnue qui lui a sauvé la vie sans le savoir. En tant qu’homosexuel, il est dans un entre deux presque encore plus solitaire. Il n’est pas une femme, mais selon le régime, pas un homme pour autant. C’est un déviant, un personnage aux mœurs discutables, un indésirable.
Une entente se crée entre ces deux être victimes d’un système exclusif, radical, sexiste et homophobe qui ne les considère pas. Ils retrouvent chez l’autre la même détresse, la même tristesse et la même solitude profonde. Pour une fois, ils ne sont plus seuls.
En arrière-plan, de tristes bribes de réalité nous rappelle que cette situation n’est qu’éphémère. La concierge sympathisante du régime, qui observe cette rencontre d’un œil méchant, ne manque pas de les interrompre dès que l’occasion se présente. La radio ponctue la pièce d’annonces triomphantes sur la rencontre des deux dictateurs.
Mais c’est sans importance. Le monde s’efface, et laisse place à un amour sincère qui traverses les différences, amplifié par leurs douleurs communes.
C’est un espace inespéré pour les confidences, pour un moment de partage qu’ils n’avaient jamais cru possible. Mais il est des jours comme celui-ci, qui peuvent changer une vie. Hier était triste et solitaire, demain le sera aussi. Mais aujourd’hui, aujourd’hui, est une journée particulière.

Chronique : Martin
Animation : Emma
Réalisation sonore : Molham et Martin
Première diffusion antenne : 9 octobre 2023
Mise en ligne : Martin
Crédit photo : Simon Gosselin
Publié le 13 octobre 2023

Un contenu à retrouver également sur l'application PlayPodcast

Une publication de Martin


Envie de soutenir un média gratuit,
indépendant et local ?

Rejoins Vostok+


Commentaires

Pas encore de commentaire pour cet article.

Commenter




play_arrow thumb_up thumb_down
hd